En Gallagher qui se respecte Jazz est une véritable tête de mule. ♦ Maladroite, ne lui confiez pas quelque chose de fragile sans la surveiller de près. ♦ Elle est souvent drôle à ses dépens ♦ Mauvaise perdante elle adore jouer mais pique de véritables crises lorsque les choses ne tournent pas comme elle le souhaite. Elle n'a pas non plus le triomphe modeste. ♦ Fleur bleue dans l'âme elle rêve d'un grand et beau mariage. ♦ En amour elle a la poisse. Elle ne sort jamais avec le genre d'hommes qu'il lui faudrait. D'ailleurs la première fois qu'elle est tombée amoureuse, le jeune garçon s'est révélé être gay. ♦ Vous la verrez souvent avec sa caméra à la main. Filmer et réaliser des montages vidéos est une véritable passion pour elle. ♦ Les gosses l'adorent et elle adore les gosses. Son travail l'épanouit complètement et elle gâte son neveu et sa nièce comme si c'était ses propres enfants. ♦ La famille représente beaucoup pour elle. ♦ Elle pourrait passer sa journée à manger des bonbons. ♦ Au grand dam de ses proches, elle chante ... tout le temps. Sous la douche. En faisant à manger. Et aussi comme ça juste pour rien. ♦ L'injustice c'est son credo. Jazz est bénévole au sein de plusieurs associations. Elle déteste conduire aussi et dit toujours que ces engins que sont les voitures vont détruire la planète. ♦ Souriante et pétillante il est rare qu'elle soit de mauvaise humeur, pourtant c'est une grande râleuse. ♦ Telle Brigitte Bardot elle vient souvent au secours des animaux. A tel point qu'à force de soigner et nourrir tous les chats du coin, de nombreux continuent encore aujourd'hui à lui rendre visite chez elle ou à l'épicerie. ♦ Sa garde robe comprend un nombre impressionnant de paires de chaussures. ♦ Un jour lorsqu'ils étaient gamins son frère l'a enfermé dans son dressing pour rigoler, elle a hurlé à la mort. Depuis elle a une peur panique de tous les endroits confinés. Elle évite même les ascenseurs.




C’est Noel, c’est Noel, c’est Noel nhgyuik. Il est tout juste neuf heures mais un grand sourire aux lèvres je déboule dans la chambre de mon frère en criant. « MAAAAAAAAAAT ! Lèèèves-toi ! C’est Noel ! » Dans un grognement mon aîné se retourne et je grimpe sur son lit pour sauter dessus. « Debout ! Je veux ouvrir mes cadeaux ! » D’un bond je redescends avant qu’il ne m’attrape et ne me mette une raclée. Comme pour me donner raison la voix de maman résonne derrière moi pour nous dire de nous réunir autour du sapin. Cinq minutes plus tard l’homme de la maison nous fait enfin le plaisir de nous rejoindre dans le salon. Enfin l’homme… Imaginez plutôt un ado de dix-huit ans, les cheveux en bataille et en pijama. « Je me vengerais pour ce réveil microbe » il m’annonce en me pointant du doigt. Je lui tire la langue en guise de réponse et lui lance un paquet. « Tiens celui-là est pour toi ! » Bien trop excitée à l’idée d’ouvrir le mien je farfouille un peu partout avant de tomber dessus. Rapidement je déchire le papier et découvre un carton duquel j’extirpe une caméra. Un cri de joie s’échappe de mes lèvres.  « Merciiiii ! » Je me jette au cou de ma mère puis de Mathéo qui est au téléphone. « C’est ta chérie ? » je demande en riant. Agacé mon frère rougit contre toute attente et je m’exclame sûr de moi cette fois. « Mathéo a une chériiiiiiie ! » Son cadeau sous le bras il sort de la pièce mais je le suis malgré tout. « Comment elle s’appelle ?! » S’il croit qu’il va me semer comme ça il rêve !




« Salut Ana » je souris en adressant un signe de la main à la jeune femme qui avance à ma rencontre, livres sous le bras. « Jazz ! Comment tu vas ? » « Plutôt bien. Tu sais où est Mat ? » Devant les grilles de l’université je scrute chaque étudiants qui peut bien en sortir à sa recherche.  « Il ne devrait pas tarder. C’est ta mère qui t’a déposée ? » Je hoche la tête pour confirmer quand je l’aperçois enfin. Mathéo nous rejoint, embrasse Ana avant de me faire tournoyer. « Qu’est-ce que tu fais là Jazz ? » Fièrement je lui montre ma caméra autour de mon cou. « Devines ? » Il m’ébouriffe les cheveux et je grimace. « Encore ? » « Oui ! J’ai entendu dire qu’il y avait un mouvement de grève à ta fac, il faut que je vois ça de plus près ! Et tu viens avec moi ! » je triomphe avant de lui tendre son appareil photo que j’avais pris soin d’aller chercher. Il ne pourra pas résister à cet appel je le sais. « Détectives Gallagher au rapport ! » je crie en levant le poing, bien peu soucieuse à l’idée d’attirer l’attention autour de nous. Amusée Ana nous regarde faire avant de nous dire au revoir. « Je te retrouve plus tard ma puce» lui chuchote mon frangin dans un dernier baiser. Je soupire en la regardant s’éloigner. « Tu l’aimes vraiment hein ? » Il hausse les épaules. « Peut-être. Bon alors c’est quoi le plan ? » Je sautille sur place, totalement à fond avant de lui expliquer. Une fois de plus on allait entrer en action ! Notre passion commune pour l’actualité et le journalisme nous avait toujours rapprochés avec mon frère. Je filmais, lui prenait des photos pour ensuite réunir nos images dans de petits documentaires que je m’amusais à monter avec son aide. Mais le mieux c’était de pouvoir prendre des risques sur le terrain avec lui. Il y avait un blocus un peu plus bas devant les portes principales et il fallait à tout prix que nous lui échappions pour pouvoir pénétrer à l’intérieur.




Nolann dans mes bras, je berce tendrement mon neveu sans quitter Mathéo des yeux. Il est en train de se battre avec une valise qui ne veut pas rentrer dans le coffre. « J’ai pas envie que vous partiez. » Profondément attristée je baisse les yeux. Ana me prend le petit des bras et d’un geste me frotte le dos. « Tu sais que tu pourras nous rendre visite quand tu le voudras. » Oui je sais mais c’est pas pareil. Elle peut pas comprendre. Mon frère est train de m’abandonner pour partir vivre sa vie à San Fransisco. Le voilà d’ailleurs qui s’approche. « Viens avec moi » il murmure pour me prendre par les épaules et nous éloigner. Machinalement nous marchons jusque derrière la maison pour nous retrouver dans la cabane que nous avions construite quand on était gosses. Enfin… qu’il avait construite surtout, étant trop jeune moi-même. Mais je l’avais assez squatté ce QG. Mat s’assoit à sa place habituelle et moi à la mienne quand il secoue finalement la tête. « Non, viens là. » Il m’invite à m’installer sur ses genoux et je m’exécute dans un sourire. « Je te promets de venir te voir d’accord ? » « D’accord » je murmure. « Je compte sur toi pour prendre soin de maman. Je sais que t’y arriveras, t’es la plus forte. » Sans prévenir je me mets alors à pleurer. « Tu vas tellement me manquer. » Tendrement il embrasse mon front et me caresse les cheveux. L’espace d’un instant j’ai l’impression de revenir quelques années en arrière, quand nous dormions tous les deux et que Mathéo venait me raconter une histoire ou me parler de papa en me serrant contre lui le soir. « Il aurait été fier de toi. » Un silence s’installe alors entre nous. Nous savions tous les deux à qui je faisais allusion.




« Maman » j’appelle en passant les portes de l’épicerie. Poliment je salue quelques clients  et regarde derrière la caisse. Elle n’est pas là. Je la retrouve finalement au rayon surgelés. « Maman. Jenna organise une fête chez elle demain. Est-ce que je peux y aller ? S’il te plaît, s’il te plaît, s’il te plaît ? » Jenna c’est LA fille la plus populaire de tout le lycée et je ne peux tout simplement pas manquer ça. C’est la première fois que moi, la fille qui parle et rit un peu trop fort et qui se fait toujours remarquer pour rien, je suis invitée à une telle soirée. « Tu sais que je n’aime pas te laisser sortir comme ça la nuit Jazz. » Elle s’éloigne et je la suis. « Mais… j’ai seize ans maintenant. Et puis elle n’habite qu’à quelques rues d’ici. Les Matthews seront là pour nous surveiller en plus. » Je marque un point là. Je sais qu’elle aime bien les Matthews. « Bon… très bien. Mais ce soir tu m’aides pour la fermeture du magasin. » J’AI GAGNEEEEE ! « C’est promis. Merci, merci maman ! »


Plantée dans mon coin je regarde quelques amies danser un slow avec leur copain. Moi aussi j’aurais aimé qu’on m’invite. Mais ce n’est jamais à moi que les mecs s’intéressent. Non les gars ils aiment bien les grandes blondes qui sont cheerleaders. Comme dans les films. Autant dire que maladroite comme je suis je n’ai aucune chance ! Je suis une catastrophe ambulante. C’est nul voilà. Et hors de question que ce soit moi qui fasse le premier pas. J’ai bien trop peur de me prendre un râteau. Alors lâchement je me cache derrière mon gobelet rouge. Bon si dans 5 minutes personne ne vient je… je sais pas ce que je fais mais je le ferais ! « Salut. » Je sursaute alors qu’on chuchote à mon oreille. « Sa…lut » je réponds les joues couleur rouge tomate. « Tu danses ? » Je lève les yeux et aperçois le plus canon que j’ai jamais vu. Si si je vous jure. Noam. Il a deux ans de plus que moi. Je le croise souvent à vélo. Et depuis déjà presque un an je suis raide dingue de lui. « Oui. » Un jour j’arriverais à lui aligner plus de deux mots. Je m’en fais la promesse en cet instant. Dans un sourire malicieux il m’embarque sur la piste au milieu des autres. Take my breath away résonne dans mes oreilles. C’est un vieux tube et j’ai horreur des slows mais en cet instant vous savez quoi ? Ben je m’en fous royalement. Il pose ses mains sur ma taille et je passe mes bras autour de son cou. Nous nous laissons entraîner par la musique en silence. Je suis carrément en plein rêve. Son regard se plante dans le mien et alors sans réfléchir je m’approche pour poser mes lèvres sur les siennes. Sauf que… Noam recule. Et je me tape la plus grosse honte de toute ma vie entière. Troublée je sens les larmes me monter aux yeux. Je me détache vivement de lui pour m’éloigner en courant. Je n’oserais plus jamais sortir de chez moi !


« Je suis gay. » Et là mon monde s’écroule. Couchée sur mon lit je me retourne et me met mon coussin sur la tête pour me cacher. « T’es gay ? » je répète la voix étouffée contre le matelas. Finalement je tourne la tête pour regarder Noam. « Mais alors pourquoi t’es venu m’inviter à danser ?» Je voudrais disparaître de la surface de la terre maintenant. Maman n’aurait même pas dû le lancer entrer. A cause de lui le peu de vie sociale que j’avais a été immédiatement réduite à néant. Tout le monde va se foutre de moi au lycée. « Je sais pas… Tu étais toute seule et puis j’ai trouvé que t’avais l’air cool alors… voilà. » Il hausse les épaules. « Je suis désolé. » Finalement je me redresse. « Et moi donc… » Je soupire. « T’aurais dû me dire avant. » Genre je lui en avais laissé le temps. C'est moi qui suis trop nulle en fait. Il a l'air vraiment désolé en plus. « Est-ce que tu trouves Justin Timberlake sexy ? » Justin Timberlake c’est juste MON fantasme ultime. « Carrément ! » Ses yeux brillent. « Alors on va bien s’entendre ! » En plus il a dit que j'étais cool.



« Ils sont tellement mignons. » Tendrement je regarde Aylina et Nolann jouer dans le jardin tandis qu’Ayden me prend par la taille. Ça va bientôt faire un an qu’on sort ensemble tous les deux. « C’est vrai ils sont adorables. »  Les plus beaux même. « ça ne t’ennuie pas trop de les garder ? Je suis désolée pour notre soirée en amoureux. » Mathéo était venu passer quelques jours de vacances à la maison. De vieux copains l’avaient invité à la dernière minute. J’adorais tellement mon neveu et ma nièce que je m’étais naturellement proposé de m’occuper d’eux.  Sans compter que je ne les vois pas souvent alors quand ils sont là je profite. Ayden n’a pas répondu et je me retourne alors pour le dévisager. « ça va ? » Il hausse les épaules. « C’est juste que… enfin tu as l’air de tenir beaucoup à eux. » Je fronce les sourcils et lui fais face. « C’est le cas oui. » Où veut-il en venir ? « Et tu adores les gamins… Ceux de ton stage à l’école, tu m’en parle presque tout le temps. » J’avais en effet pour projet de devenir instit et j’avais eu la chance qu’un prof accepte que je l’assiste en dehors de mes cours à Wilmington. « Jazz… Est-ce que plus tard… Enfin, est-ce que tu aimerais avoir des enfants ? » Je me mord la lèvre. Je suis de ce genre de nanas qui rêvent d’un beau et grand mariage et depuis que j’ai eu mes premières règles l’idée de fonder une grande famille m’obsède. « C’est ce que je souhaite en effet. » J’essaie de ne pas paraître excitée en annonçant une telle chose car visiblement Ayden n’a pas l’air ravi et même plutôt gêné.

Et j’avais raison d’être prudente.  Une semaine plus tard Ayden rompait avec moi sous pretexte qu’il ne voulait pas devenir père. Jamais. En fait je crois que j’ai la poisse avec les mecs. Jamais je n’arrive à en retenir un seul.



« NOAAAAM ! » je crie avant d’entrer dans la chambre de mon coloc. Parce que oui je suis resté en très bon terme avec Noam. A tel point qu’il est aujourd’hui mon meilleur ami et que nous vivons ensemble depuis environ un mois. J’avais enfin réussi à avoir mon concours. Depuis septembre dernier j’étais instit et avais mis des sous de cotés pour me permettre de prendre un chez moi. J’avais besoin de prendre un peu mes distances avec ma mère. Je l’aimais plus que tout, elle était un véritable modèle pour moi. J’avais pris soin d’elle toutes ses années comme Mat m’avait demandé de le faire et continuais à lui rendre visite tous les jours mais il était temps que je prenne mon envol. Et puis mon frère venait d’ailleurs de rentrer à Southport, il m’aiderait à lui tenir compagnie. J’allais justement le rejoindre là. Enfin si j’arrivais à mettre la main sur ma veste. « T’aurais pas vu mon blouson ? » Il se retourne pour me regarder et grimace. « T’aurais pas pu enfiler quelque chose que ce vieux survet franchement? » Je lui tire la langue. C’est ma façon à moi de répondre " je t’emmerde". « Je vais juste chez Mat. Si c’est pour faire du trampoline avec les gosses ça ira très bien ! Alors mon blouson ? » Il me fait signe. « La dernière fois que je l’ai vu il était dans la salle de bain. Comment il est arrivé là-bas je me le demande toujours. » Non c’est pas vrai, je ne me disperse pas un peu partout.


« Comment vont mon neveu et ma nièce préférée ? » je crie en passant la porte de chez Mathéo. Aylina et Nolann débarquent en riant pour se moquer de mes hurlement suivi de près par leur père. « Tu ne peux pas frapper comme tout le monde ? » « Tu sais bien que je ne fais jamais rien comme tout le monde. » Je le serre contre moi et le regarde attentivement. Depuis qu’il est de retour à Southport après qu’Elena, la femme dont il était amoureux, l’ai laissé devant l’autel, je m’inquiète pour lui. C’est plus fort que moi. Mais il a l’air d’aller un peu mieux que ces derniers jours. Et bon sang, ce que je suis contente de l’avoir à nouveau près de moi avec les enfants !