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 Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey

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Staff ♦ Lécheuse d'oreilles pro

Zoey C. Beckett

Zoey C. Beckett

♦ Messages : 112

♦ Statut : Éperdument amoureuse de Saphyr, mon point de repère dans ce monde éblouissant.
♦ Profession : Danseuse, barmaid et comédienne
♦ Avatar : Kaya Scodelario

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MessageSujet: Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey   Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey EmptyLun 12 Oct - 16:06

Zoey Charline Beckett
« Trompe-toi, Sois imprudent, tout n'est pas fragile. »

Identity Card
NOM : Beckett. PRENOM :  Zoey Charline. AGE :  Vingt trois ans. DATE & LIEU DE NAISSANCE :  Le 24 décembre 1991 à San Fransisco, Californie. METIER :  Diplômée d'une école d'art dramatique depuis juin 2014, je suis comédienne. Vous me trouverez aussi derrière le bar à la brasserie d'Emily à Southport. ORIENTATION SEXUELLE :  Bisexuelle, avec une nette préférence pour le sexe masculin. STATUT MATRIMONIAL :  En couple avec Saphyr Vilkas, l'homme de ma vie depuis maintenant bientôt trois ans. GROUPE :  DemonsCREDIT :  Shiya (avatar) , Pando (icône) , tumblr (gifs). Fauve (citations)CELEBRITE :  La belle Kaya Scodelario

Tell me ...
All about you !
Pourquoi être venu à Southport ? C'est une petite ville ... Tu recherchais quoi ? La tranquilité, le calme ? Ou tu fuis quelque chose ?
Pendant des années j'ai répété à qui voulait bien l'entendre que l'amour était un pur fantasme. Pourtant c'est bel et bien par amour que j'ai quitté ma ville natale pour retrouver Saphyr à Southport en mai dernier. J'avais peur. De laisser mon frère, mes parents, ma vie derrière moi. J'ai toujours beaucoup vécu dans le passé et suis de ces personnes qui n'aiment pas perdre leurs repères mais j'étais à l'époque au plus mal. Et je n'avais besoin que d'une seule personne, que d'un seul homme pour me reconstruire.


Certains parlent de destin, d'autre d'aléas de la vie ... Parfois, on l'appelle le hasard. Est-ce que tu y crois ?
Nous sommes ce que nous avons choisi d'être. Nos actes nous définissent et pour moi rien n'est jamais dû au hasard. Les gens peuvent changer, j'en suis la preuve vivante, mais ils sont maîtres de leur destin. C'est nous qui avons le pouvoir sur nos vies. Nous sommes humains, nous commettons tous des erreurs et nos faiblesses font parties de nous mais il ne tient qu'à nous de choisir comment affronter les épreuves qui se mettent en travers notre route.

Behind the Screen
PRÉNOM & PSEUDO : Mon p'tit nom c'est Célie. Sur la toile on me connait (pas vraiment beaucoup) sous le pseudo Confetti. AGE : Vingt quatre ans. TU HABITES OU ? : En Auvergne. TU FAIS QUOI DANS LA VIE ? : Je cherche du boulot dans les métiers du livre. COMMENT T'AS CONNU LE FORUM ? : Vous voyez les fondatrices? Eh bah c'est mes coupines  Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey 759568236 . C'est elles qui m'ont enrôlée dans cette folle aventure.DERNIER MOT : Gniiiii  Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey 2132961090


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Zoey C. Beckett

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♦ Statut : Éperdument amoureuse de Saphyr, mon point de repère dans ce monde éblouissant.
♦ Profession : Danseuse, barmaid et comédienne
♦ Avatar : Kaya Scodelario

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MessageSujet: Re: Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey   Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey EmptyLun 12 Oct - 16:24

Once Upon a Time...


He's there in the dark. He's there in my heart. He waits in the wings. He's gotta play a part. Trouble is a friend, trouble is a friend of mine.


Mai 1999

« Zoey ? J’ai retrouvé tes chaussons de danse sous ton lit, ils ont dû… » Ethan ne termine pas sa phrase tandis qu’il me découvre l’oreille collée contre la porte de la chambre de nos parents. « Qu’est-ce que tu fais ? » Doucement je pose un doigt sur mes lèvres pour lui faire signe de se taire. Mon jumeau me rejoint et m’imite en silence. Je le fixe attentivement avant de répondre enfin dans un murmure, nos visages à quelques centimètres l’un de l’autre « je crois que papa et maman se disputent. » Le ton monte de l’autre côté du mur mais je ne parviens pas à discerner ce qui se dit. J’ai sept ans, comme toute gamine je suis curieuse mais surtout cela fait plusieurs jours que je sens que quelque chose ne va pas à la maison. Les autres enfants à l’école me trouvent un peu bizarre. Je suis assez renfermée, solitaire et m’intéresse à des choses étranges et morbides. J'ai bien sûr Ethan et ma meilleure amie depuis toujours, Astor près de moi mais à part eux, je n'ai pas de copains. C'est comme si les autres et moi nous n’appartenions pas au même monde. Comme si je comprenais des choses qu’ils ne pouvaient pas comprendre. Papa dit que je suis en avance sur mon âge. Mes journées je les passe principalement à faire des devoirs en plus pour l'école, à lire ou alors à danser. Quand je ne suis pas occupée à l’une de ses activités… j’observe. J’examine tout ce qui m’entoure. J’essaie de comprendre la vie. Ce qui me fascine le plus ce sont les conversations des grandes personnes. Et cet après-midi, je sens qu’il se passe quelques chose.
Des bruits de pas se rapprochent et je donne un coup sur l’épaule de mon frère qui comprend tout de suite. Rapidement nous détalons jusque dans notre chambre mais nous restons sur le seuil, un peu abasourdis tandis que notre père apparait dans le couloir une valise à la main. Il semble surpris de nous voir là lui aussi. Un petit soupir s’échappe de ses lèvres en nous apercevant, contrarié à l’idée que nous étions encore en train de l'épier. Maman le suit de près. Elle a les yeux rouges. « Venez là mes chéris » elle nous demande en ouvrant les bras. « Il faut qu’on vous parle de quelque chose. » Sagement nous allons nous réfugier contre elle Ethan et moi non sans échanger quelques regards inquiets. « Vous savez qu’on vous aime très forts papa et moi n’est-ce pas ? » A l’unisson nous hochons la tête. « Et ça ça ne changera jamais. Seulement voilà il arrive que des fois deux adultes qui étaient amoureux, ne le soient plus. C’est… »  « Papa s’en va c’est ça ? Vous allez vous séparer» je la coupe en regardant les bagages que tient notre père.  Maman fond alors en larmes et nous serre plus forts. Machinalement Ethan lui caresse les cheveux attristé. Désormais c’est nous qui devrions prendre soin d’elle…


Février 2008

Affalée sur mon lit, j’écoute attentivement Astor me raconter sa soirée de la veille. Elle rayonne littéralement. « Romaric est tellement beau. Toi qui le connais, t’es bien d’accord avec moi ? Mais je te préviens je le partage pas hein… Hier on a pas beaucoup parlé c’est vrai. J’ai dansé avec les filles pendant que lui buvait avec ses potes dans un coin mais il ne m’a pas quitté des yeux une seconde. Et c’est pas la première fois. C’est plutôt bon signe non ? » Un petit sourire ironique se dessine sur mon visage. « Toi, t’es en train de tomber amoureuse » je lui lance en tirant une taffe sur ma cigarette. « N’importe quoi » elle s’insurge. Mais je ne suis pas complètement stupide. Elle ne peut pas me cacher son air niais, pas à moi, je la connais trop bien. Putain, c’est fou ce qu’elle a l’air vulnérable comme ça. Jamais je ne tomberais amoureuse, ça s’est clair ! De toute façon je tiens bien  trop à ma liberté pour ça. « Promets-moi juste une chose. Si jamais tu sors avec lui, ne le laisses jamais te dicter ce que tu dois faire ou te dire qui tu es d’accord ? » Elle acquiesce. D’un geste je lui tends ma clope quand j’entends quelqu’un passer la porte d’entrée en bas. Probablement mon frère qui rentre des cours. Dans cinq minutes on va le voir débarquer. Mais non… Ce sont des cris qui finissent par nous interpeller Astor et moi. Je reconnais la voix de mon père et me demande ce qu’il peut bien faire ici. En dévalant les escaliers je l’écoute hurler « […] Ta mère et moi on se démène comme des dingues pour essayer de vous apporter une éducation. On vous donne tout ! Tout ce dont vous avez besoin et toi qu’est-ce que tu fais ? Tu fous tout en l’air ! ça a d’abord été tes notes qui ont baissées. On a été indulgents, on a essayé de t’aider mais non, tu t’es mis à sécher les cours. Et maintenant la drogue ? Sérieusement Ethan !? C’est ta mère qui m’a appelé. Elle dit que t’es complètement stone à chaque fois que tu reviens du lycée. » Je fais mon entrée dans la cuisine en cet instant. Jamais je n’ai vu papa aussi énervé, il est rouge de colère. Maman elle est assise un peu plus loin, la tête baissée pendant qu’Ethan affronte le chef de famille des yeux. Il sourit d’un air insolent, comme s’il se foutait bien des réprimandes qu’on était en train de lui faire. En réalité personne ne fait attention à moi. Ni à Astor. « ça te fait marrer en plus ?! » « Je n’ai pas d’ordre à recevoir de toi. T’habites même plus ici. » « Je n’en reste pas moins ton père ! » Ethan hausse les épaules, reprend son sac pour le jeter sur son dos. « J’en ai rien à foutre. » Il s’apprête à partir quand papa le retient. « J’en ai rien à foutre tu comprends ? » j’entends Ethan répéter. Je sursaute au moment où il se prend une gifle. « TU NE ME TOUCHES PAS ! » Le regard noir il bouscule papa et je me pousse de sur son passage lorsqu’il veut quitter la pièce. Je le regarde monter jusque dans notre chambre pour claquer la porte, légèrement secouée. Astor me prend le bras d’un geste qui se veut rassurant. « Je vais y aller et vous laisser régler ça. Ça va aller ? Tu n’hésites pas à m’appeler surtout » elle murmure avant de s’éclipser quand je lui réponds de ne pas s’inquiéter.

Rapidement je rejoins Ethan. Quand je l’aperçois, il est en train de jeter une pile de fringues dans une valise. « J’me casse ! Je resterais pas ici un moment de plus à écouter ses conneries ! » Dans un soupir je me plante en face de lui. « Tu sais comment il est. Toujours à s’emballer pour rien mais ça lui passera… » Les yeux rouges le jeune-homme me fixe attentivement. Il est vraiment dans un piteux état cette fois. Je n’aime pas la façon qu’il a de me jauger en cet instant. Non qu’il me fasse peur, c’est Ethan, il ne me ferait jamais de mal et j’ai confiance en lui mais il pourrait s’en faire à lui-même. Je n’ose même pas  lui prendre ses poignets de peur  de découvrir qu’il s’est piqué de partout. « NON ZOEY ! Tu comprends pas ! J’en ai marre, je peux plus les supporter. » Il referme sa valise et s’apprête à redescendre. « Mais… tu vas aller où ?! » je m’inquiète en le suivant dans le couloir. « Chez Logan quelques temps je pense. » Logan c’est son meilleur ami. « Puis… je sais pas. Je chercherais surement du boulot. » Ah ouais carrément. Il ne compte même pas revenir. Puis bosser…  A dix-sept ans ? Il n’était même pas majeur. Et comment il allait faire au lycée ? « T’es en train de faire une connerie Ethan ! » Une énorme connerie même mais il est têtu. On a ça en commun tous les deux. « Ne me laisses pas s’il te plaît » je le supplie les larmes aux yeux. Mon frère vient alors prendre mon visage entre ses mains et me caresse la joue. « Je te promets de t’appeler tous les jours et tu viendras quand tu voudras dès que je serais posé quelque part. Personne ne nous séparera d’accord ? » Je me mords la lèvre avant d’acquiescer. Lorsqu’Ethan a annoncé qu’il partait aux parents papa lui a hurlé de ne plus jamais revenir ici ou chez lui. Maman, complètement dans les choux comme tous les jours depuis le départ de papa n'a rien rétorqué. Notre innocence s’est envolée à tout jamais ce soir-là.


Novembre 2010

Les bras levés je prends une profonde inspiration avant de courir puis de m’élancer. L’espace d’une seconde je crois m’envoler et je ferme les yeux. « Joli saut Zoey » me complimente Frannie, ma prof de danse depuis que je suis toute petite. La fierté se lit sur mon visage et j’observe mes camarades reproduire la figure à leur tour. Je répète l’enchainement dans mon coin quand je suis obligée de m’arrêter pour reprendre mon souffle. Je quitte mon gilet pour avoir moins chaud, arrange mon tutu avant de reprendre. Concentrée je fais une pirouette, puis deux, accélérant le rythme de mes mouvements avant de m’écrouler. J’accuse le coup sans broncher, j’ai l’habitude de tomber maintenant, et recommence encore. Rapidement je sens la tête me tourner. Non pas encore…  Depuis plus d’un mois je fais régulièrement des malaises pendant les cours. Ça commence à inquiéter mes parents mais je refuse d’aller consulter quelqu’un. J’essaie de me ménager un peu pour n’alarmer personne seulement je suis tellement passionnée et acharnée qu’il faut à chaque fois que je repousse mes limites comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire. Je ne m’arrête que lorsque mon corps ne me répond plus et titube. Ma vue se trouble. Je porte une main sur mon front puis… plus rien… Quand je me réveille ma mère est là et me tient la main. Frannie à ses côtés me regarde d’un air désolé. Il me faut quelques secondes pour reprendre mes esprits et comprendre ce qu’il s’est passé. « ça ne peut pas continuer comme ça ma puce » chuchote maman. Je crois que je n’ai plus le choix cette fois… [...]

« J'ai le regret de vous annoncer que vous contractez une insuffisance cardiaque. Vous avez ce qu’on appelle une anormalité valvulaire. Une malformation en quelque sorte. Malheureusement le stade de la maladie est déjà quelque peu avancé et ne vous permettra pas de produire de gros efforts. Aussi il vous faudra suivre... » « De gros efforts de quel genre ? » je coupe le médecin. Maman me fusille du regard pour mon impolitesse mais c’est le dernier de mes soucis. « Disons que vous ne pourrez plus pratiquer de sport à haut niveau ou fréquemment. » Je me sens blêmir à cette révélation. Ce connard n’en n’a pas conscience mais en une phrase il vient de détruire mon plus grand rêve, celui de devenir danseuse étoile un jour. Et il n’avait pas le droit de m’enlever ce que j’ai de plus cher ! Sans rien dire je me lève. « Mais… Nous n’avons pas terminé mademoiselle ! » « Rien à foutre » je balance en quittant la pièce. Je refuse tout simplement qu’il m’en dise plus. Je ne veux pas savoir. Je ne veux rien d’autre que danser…


Avril 2011

« Bonjour Zoey » me salue chaleureusement ma psychiatre. Je sais, c’est de la méchanceté gratuite mais j’aimerais tellement pouvoir lui faire ravaler son sourire. Je ne réponds rien. La colère me bouffe littéralement de l’intérieur depuis des semaines. J’en veux à tout le personnel hospitalier de m’obliger à venir ici une fois par mois faire des examens et consulter cette femme. Je n’ai absolument rien à lui dire. Jamais je ne lui confierais ce que je ressens ou ce que je vis. Elle ne saura rien de moi. Alors comme à chaque consultation je me tais. Pendant une heure je vais soutenir les yeux bruns de cette jolie blonde trentenaire sans un mot ou un sourire. Puis je repartirais comme je suis venue. Une belle perte de temps tiens ! C’est pas comme si j’avais du boulot en plus. J’ai quitté mon école de danse pour la San Francisco Art Institute. Je me suis inscrite dans un cursus d’art dramatique. Contre toute attente ce parcours me plaît mais la danse me manque tellement. A vrai dire contrairement aux recommandations que l’on m’avait données je n’ai pas complètement arrêté. J’en suis incapable. Mais ce n’est plus pareil maintenant. Plus rien n’est pareil de toute façon. J’ai l’impression d’être une gamine que l’on a forcé à grandir trop vite. Personne n’est au courant du fait que je mets certainement ma vie en danger. Je me renferme complètement sur moi-même depuis l’hiver dernier. Le peu d’amis que j’avais… je ne les vois plus. J’ai complètement coupé les ponts avec eux. Je n’ai plus de nouvelles d’Astor non plus depuis que je l’ai rejetée sans aucune explication. Ethan et mes parents subissent déjà cette situation, je ne veux l’imposer à personne d’autre. Je l’ai croisée la semaine dernière, j’ai bien failli ne pas la reconnaître, elle a tellement changé. Elle traîne avec des gens un peu louches et c’est devenu une vraie peste qui ne s’est pas gênée pour m’insulter à mon passage d’ailleurs. Je n’ai pas répondu, après tout je lui ai fait du mal j’essaie de la comprendre mais si la situation vient à se reproduire j’ai peur de ce que l’on pourrait devenir. A cette pensée un soupir s’échappe de mes lèvres. Puis je me souviens de l’endroit où je me trouve et secoue la tête pour reprendre mes esprits. Je jette un œil à la pendule un peu plus haut. Plus que dix minutes et je serais libre. Enfin… libre est un bien grand mot.

Courant 2011

Un coup d’œil rapide derrière moi pour voir si la voie et libre et je sors de ma cachette en courant. Un ballon de baudruche rempli d’eau s’explose contre mon épaule et je pousse un cri avant de rire. « Touché ! » j’entends Ethan triompher. « Que dalle ! Tu sais pas viser » je rétorque en détalant non sans tituber vu la quantité d’alcool que j’ai ingurgité ce soir. Bon sang l’air frais me fait un bien fou ! Mon frère ne tarde pas à me rattraper au beau milieu de la rue et je suis obligée de m’arrêter pour reprendre mon souffle alors qu’une douleur dans ma poitrine me rappelle à l’ordre. Je n’aurais pas la force d’entamer une nouvelle course poursuite à travers le quartier. La moue que fait mon frangin en m’observant respirer plus fort ne m’échappe pas. Je sais qu’il a peur de ce qu’il pourrait m’arriver. Que je l’abandonne là. Il essaie de préserver notre innocence à travers nos jeux d’enfants et de me changer les idées mais au fond il s’en veut de prendre part à mon autodestruction lorsque je décide d’oublier la maladie et de vivre comme tout le monde. Je crois qu’il a deviné aussi que je n’avais jamais arrêté de me rendre au studio de danse en cachette le soir au moins une fois par semaine. Il faut dire que si je ne cherche pas à lui en parler je ne fais rien pour le cacher non plus. « Je vais bien » je murmure dans un sourire pour le rassurer. Je connaissais les limites que je pouvais atteindre. Du moins je crois. Il hoche la tête pour abréger cette conversation gênante avant de me soulever pour me porter comme un sac à patates sur son dos.  Je me débats dans un éclat de rire mais me laisse porter jusqu’à l’intérieur. Nous manquons de nous étaler au beau milieu du couloir et une voisine sort sur le palier en cet instant pour nous espionner d’un air réprobateur avant de rentrer chez elle. Dans un sourire complice Ethan me repose par terre et nous rejoignons son appartement que j’ai maintenant l’habitude de squatter presque tous les jours. Les parents ne cautionnent pas vraiment que je disparaisse ainsi et ils ont l’impression que mon jumeau profite de ma faiblesse pour me tirer dans son cynisme et la drogue. Ils voudraient que je ne le vois plus. Mais ils ne peuvent pas comprendre. J’ai besoin de mon frère, j’ai besoin de ces histoires que nous nous inventons, des rêves que nous construisons ensemble pour ne pas sombrer.
Une fois dans le salon je récupère la bouteille de vodka par terre pour en boire une gorgée avant de m’allonger. Mon t-shirt est trempé, je frissonne légèrement en regardant Ethan me rejoindre. La tête me tourne mais je me sens étrangement bien et insouciante. Lorsqu’Ethan s’avance pour déposer un ecsta contre mes lèvres je les ouvre machinalement et l’avale dans un sourire. « Parles moi de l’avenir. De notre avenir… » je demande en prenant sa main. Comme ça tout irait bien. « Hmmm… dans quelques années nous ferons le tour du monde. Moi je serais une star du cinéma et toi… toi tu ferais une très bonne acrobate dans un cirque. Tu serais le clou du spectacle. On voyagera ensemble. En Europe. Pourquoi pas à Paris. » La ville lumière. J’aimais bien cette idée. Chaque jour nous en imaginions une nouvelle. C’était notre petit rituel à nous. « Ne bouges pas » il ajoute avant de s’éloigner. Je n’en n’avais de toute façon pas l’intention vu comme je suis en train de planer. Ethan revient quelques minutes plus tard, un bloc de résine à la main comme de ceux que j’utilisais pour mes chaussons de danse, à la main. « Je l’ai trouvé dans ton sac. » ça c’est sa manière à lui de me faire comprendre qu’il est au courant de ce que je fais en cachette. Mais qu’il ne s’y opposera pas. Du moins… tant qu’il ne m’arrive rien. « Je vais dessiner ta silhouette. » Je fixe ses yeux explosés par la drogue avec intensité. « Et ton parquet ? » Il hausse les épaules. « Ma proprio est une vieille peau de toute façon ! » Dans un gloussement je hausse les épaules pour lui donner mon feu vert. « La poudre d'étoile... pour l'éternité ! » Tendrement il caresse mon visage avant de tracer un premier trait pour suivre les courbes de mon corps. A nouveau je tremble légèrement. Mais pas de froid cette fois. C’est une autre sensation qui vient me prendre aux tripes. L’excitation. Un morceau de craie vient se coller dans mes cheveux lorsqu’Ethan termine son œuvre et il me la retire délicatement avant de se coucher tout contre moi. Je déglutis alors qu’il effleure ma poitrine du bout des doigts et sans réfléchir je pose mes lèvres contre les siennes. Hésitante je retire mon haut mais suis un peu plus téméraire quand je me plaque contre lui. J’aurais tout le temps de regretter demain.


Début 2012

« Combien est-ce que vous en voulez ? » Au volant de ma voiture garée sur un parking désert je fixe attentivement mes clients, deux jeunes hommes à peine plus âgés que moi. Ils semblent bien indécis d’ailleurs. « Prenez tout votre temps surtout, c’est vrai qu’on est pas dans un des quartiers les plus malfamés de San Fransisco » je m’impatiente en roulant les yeux. Je ne tiens pas particulièrement à me faire choper par les flics. « On va prendre 5 cachets de ceux-là et 10 grammes de coke. » Rapidement je procède à la transaction et glisse l’argent qu’ils me donnent dans la poche arrière de mon jean avant de les saluer tandis qu’ils descendent enfin. Je ne tarde pas à démarrer pour rejoindre le quartier où habite Ethan. Quand je passe la porte avec de quoi déjeuner je l’appelle sans l’ombre d’une réponse. « Ethan ?! » je lance un peu plus fort. Toujours rien. D’un pas vif j’entre dans le salon. Mon frère est allongé sur le canapé inanimé. « ETHAN ! » Je me précipite à ses pieds et par reflexe prend son pouls. Il respire. Ok. Je le secoue un peu en vain avant de le prendre contre moi quand il ouvre les yeux. Dieu merci ! Malgré les états minables dans lequel mon frère peut se mettre je panique à chaque fois qu’il me fait un coup de ce genre. « Putain, il est onze heures du matin ! Qu’est-ce que t’as foutu ? » J’ai droit à un grognement en guise de réponse. Attendrie et inquiète malgré moi je le berce quelques instants en lui chuchotant à l’oreille de reprendre ses esprits. Mais j’en ai vraiment marre, c’est la fois de trop ce matin. « J’en peux plus de te regarder te foutre en l’air comme ça il faut que tu fasses quelque chose ! J’ai récupéré du fric tout à l’heure mais je le garde. C’est pour payer le loyer de ton appart miteux sinon tu risques de te faire éjecter. » Je soupire tout en déballant les hamburgers que j’ai ramené sur la table un peu plus loin. Je lui tends le sien mais Ethan grimace d’un air dégouté. « J’ai décidé d’arrêter. Je ne dealerais plus c’est fini. C’était ma dernière course aujourd’hui ! Il faut que ce train de vie cesse ! Et maintenant ! » Je mords dans mon sandwich avant de quitter mon haut pour en dégoter un propre dans sa chambre. Quand je reviens Ethan est en position assise, y’a du progrès. En silence et un peu sur les nerfs je finis de manger puis regarde ma montre. « Je vais être à la bourre ! » « Tu vas où ? » Enfin il décroche un mot. Alléluia ! J’attrape mon sac avant de passer la porte. « J’ai trouvé un boulot. Un VRAI job. Tu devrais en faire autant. Je commence aujourd’hui. A ce soir, ne m’attends pas trop tôt. »

Le Musain, c’est là l’endroit où j’ai trouvé du taff. Un bar jeune de la ville. Je m’y plais bien depuis un peu plus de deux mois. L’ambiance des soirées est vraiment sympa, l’équipe avec laquelle je travaille géniale. J’ai passé tellement de temps cette année à me renfermer sur moi-même que j’étais un peu crispée et sauvage les premiers temps mais je commence à bien m’entendre avec mes collègues. Avec Zara plus particulièrement. Cette jeune-fille est tellement différente de moi. Je ne sais pas pourquoi ni comment mais elle m’a tout de suite plu. C’est un vrai rayon de soleil au quotidien et elle est la seule à réussir à m’arracher un sourire de temps en temps. Elle est bavarde, toujours enthousiaste et de bonne humeur pourtant je sens qu’elle aussi a des choses à cacher. En réalité je crois que c’est sa force de caractère que j’admire chez elle. Cette capacité d’aller de l’avant quoi qu’il arrive. De la terrasse je l’observe zigzaguer entre les tables pour me rejoindre pendant que je suis au téléphone. « Ethan va bien maman, ne t’inquiètes pas » je mens éperdument en levant les yeux au ciel. « Tu n’as qu’à l’appeler si vraiment tu veux avoir de ses nouvelles… Oui, oui je sais… Je sais que tu flippes à l’idée que je cherche un appart mais il ‘est temps pour moi de prendre mon indépendance tu comprends ça ? Je vis ma vie maintenant. » C’est fou comme elle peut être surprotectrice. « Il faut que j’y aille maman ça va être la fin de ma pause. Je te rappelle plus tard d’accord ?... Oui bisous à toi aussi. » Je raccroche avant d’allumer une cigarette. « Désolée que tu aies entendu ça » je m’excuse auprès de Zara qui ne semble pas le moins du monde gênée. « Tu as dis que tu cherchais un appartement ? » elle me demande.

Mars 2012

« T’es sérieuse ? » je m’exclame en regardant la pile de cartons en face de moi les yeux écarquillés. « Heu … oui » murmure Zara gênée. Elle veut ma mort. « Mais mon frère doit venir, il nous aidera, il m’a promis. » Un peu de renfort ne sera pas de trop c’est clair. « Il sera là à quelle heure ? » Elle n’a pas ouvert la bouche que je devine sa réponse à la moue qu’elle fait. Il est en retard et devrait déjà être là. Amusée je la rassure doucement. « Il va arriver t’en fais pas. Je propose qu’on attaque de mettre quelques affaires dans ma voiture en l’attendant. » Je joins le geste à la parole et m’empare du premier pour descendre les escaliers bientôt suivie par ma nouvelle amie. Les choses sont allées vite depuis que nous avons décidé cet après-midi-là au Musain de nous installer ensemble. Nous avons vite trouvé notre bonheur dans un quartier proche du bar et de la fac en même temps. Après un premier voyage jusqu’en bas de l’immeuble j’en fais un second quand je tombe sur un jeune-homme dans l’escalier. « Salut. » Les bras chargés je réponds simplement de la même manière sans m’attarder. Ce n’est qu’une fois en bas avec Zara que je porte un peu plus attention à celui-ci quand il nous rejoint. « Zoey, j’te présente mon frère, Nykolas. » Je l’observe attentivement avant de plonger mon regard dans le sien quand il me tend la main. C’est plus fort que moi, il faut absolument que je sonde les gens que je rencontre. Seulement il semble difficile à cerner. « Saphyr ça sera parfait. » Sans un mot j’esquisse un sourire énigmatique comme pour acquiescer. Je l’écoute s’adresser à sa sœur avec une certaine prévenance et ce n’est qu’une fois le top départ donné que je détourne enfin les yeux pour rejoindre ma voiture, Zara sur mes talons. « Alors ? Qu’est-ce que tu penses de lui ? » Je monte côté conducteur avant de hausser les épaules. « Il est plutôt mignon » je la taquine pour l’embêter. Même si je pense sincèrement ce que je dis. Saphyr a un quelque chose qui m'intrigue. [...]

« Zaraaa, viens danser » je jubile d’humeur guillerette en attrapant la main de mon amie. J’ai encore abusé sur le whisky ce soir. Une fois le déménagement terminé cet après-midi nous avons décidé de sortir pour fêter notre toute nouvelle colocation. La musique bat son plein au party rock, la boîte de nuit du coin. Saphyr est en train de boire un verre avec une nana qui le quitte pas des yeux à notre table un peu plus loin et je n’ai qu’une envie, me déhancher sur la piste. « S’il te plaîîît ! » Dans un sourire la jeune-fille me caresse les cheveux. « Je rentre je suis crevée Zoey. » Ce à quoi je ne trouve rien de mieux à répondre que « t’es vraiment pas drôle. » Après m’avoir déposé un baiser sur la joue elle s’éloigne. En boudant je viens me poser à côté des deux autres ce qui semble faire fuir la blonde aux gros seins. Saphyr grommelle à l’idée que je lui ai cassé son coup et je dois avouer que je suis assez fière de moi. « Sa poitrine, elle était refaites de toute façon. » Cette phrase sonne comme un bon argument à mes yeux. « Tu sais… » Le jeune homme se lève, se plante devant moi dans une sorte de révérence pour me tendre la main. « Je suis un bon cavalier pour danser moi aussi. » C’est qu’il commence de plus en plus à me plaire ! Sans hésiter j’accepte de me laisser emporter jusque sur la piste. Au rythme de la chanson je m’éloigne puis revient contre lui, dépose ma main dans le bas de son dos, nos corps se frôlant de plus en plus. Nos visages ne sont qu’à quelques centimètres quand je pose mes yeux sur la marque de rouge à lèvres qu’il a dans le cou depuis le début de la journée. Dans un sourire amusé je me détache de lui. « Je vais nous chercher un verre » je murmure contre son oreille avant de m’éloigner. Seulement quand je reviens, il a disparu. Des yeux je le cherche pour l’apercevoir avec la jeune-femme de tout à l’heure. Il se penche vers elle, lui prend la main pour prendre la direction des toilettes. Je rêve, c’est une blague ? Je donne les vodkas que j’avais été commandées à la première personne qui passe par là avant de les suivre. Au bruit des gloussements qui résonnent aux WCs je ne mets pas longtemps pour dégoter où ils se cachent et sans réfléchir je frappe à leur cabine. « VILKAS ! OUVRES CETTE PORTE ! » Sans réponse de sa part j’y vais avec plus de force. « Je te préviens je la défoncerais s’il le faut ! » je hurle. Heureusement je n’ai pas besoin de procéder une nouvelle fois à des menaces. « Mais t’es complètement cinglée ma parole ! » Sans réfléchir je colle mon poing dans la figure de la pétasse blonde qui prend la tangente avant de me tourner vers Saphyr, menaçante. « Je suis pas le genre de nana qu’on plante comme ça dès qu’elle a le dos tourné ! Plus jamais tu me fais un truc pareil ! » En guise de réponse il se rue sur mes lèvres pour les dévorer littéralement alors que sa main remonte le long de ma cuisse sous ma jupe. En une nuit j’étais déjà accro de la façon dont il arrivait à me faire vibrer.


24 et 25 Août 2012

Astor et Romaric sont heureux de vous inviter ce vendredi 24 aout 2012 à célébrer leur mariage. Après la cérémonie une réception aura lieu à la salle… Sans terminer de lire le faire part je grimace et le balance un peu plus loin. « Beurk ! » Ethan se contente de hausser les épaules devant ma réaction. Comme moi il est allergique à ce genre d’engagement mais lui ne voue pas une haine sans merci à Astor. Ils ont su rester amis et je les soupçonne même d’avoir eu une aventure. Depuis que nous nous sommes disputées elle et moi, c’est la guerre. A chaque fois qu’on a le malheur de se croiser quelque part il faut que ça finisse mal. Elle a tellement changé et le mépris que j’éprouve à son égard est si fort qu’il faut sans cesse que je la provoque. Quand ce n’est pas moi, c’est elle qui vient à la charge. Je suis sûre que c’est pour me faire du mal qu’elle a couché avec Ethan. Elle sait combien je tiens à lui. Je ne crois pas en leur pseudo complicité. Quant à Romaric, est-ce que ce pauvre garçon sait qu’il est cocu ? Je n’ai plus de ses nouvelles non plus. Il est loin le temps où Astor me parlait de lui des étoiles plein les yeux. « Tu comptes y aller ? » Mon frère retourne les coussins, clope au bec à la recherche de son briquet et je lui tends le mien. « J’en sais rien. J’irais peut-être faire un saut rapide à la fête quand ils seront sortis de l’église. » Agacée je me pince les lèvres avant de sourire d’un air malicieux. « Je pourrais venir avec toi ? » […]

Il a fallu que je me batte bec et ongles avec Ethan mais il a finalement accepté de répondre qu’il viendrait accompagné à la réception de mariage. Sa cavalière c’est moi bien entendu. Et j’avais bien l’intention de gâcher leur petite sauterie en foutant le bordel. Pour l'occasion j’avais enfilé ma plus belle robe et c’est ensemble, main dans la main que mon frère et moi sommes arrivés pile à l’heure à la salle où serait plus tard servi le dîner. Quelques personnes étaient déjà là et nous attendions tous les mariés qui tardaient à arriver. Il n’est pas rare que ce genre d'événements engendre des retards alors nous avons tous fait preuve de patience. Je sirotais une flûte de champagne quand un homme est entré le visage livide. Il me semble le reconnaître, c’est un ami de Romaric, probablement le témoin.  « Excusez-moi » il s’est éclairci la gorge pour attirer notre attention. « J’ai le regret de vous annoncer que la réception est annulée. Il est arrivé… du mal à la mariée. Je suis désolé pour le dérangement causé. »  Et c’est tout ? J’avais comme l’impression qu’il nous cachait quelque chose. Et comment est-ce qu’il s’appelait déjà bon sang ? Oh je sais ! « Franck » je l’interpelle les sourcils froncés.  Il semble mettre quelques instants à percuter et comprendre qui je suis mais s’avance vers moi. « Qu’est-ce qu’il se passe ? On dirait que t’as vu un fantôme. » Il se passe une main dans les cheveux, l’air perdu. « Astor s’est suicidée Zoey. »

Le lendemain de ce jour funeste j’ai cherché à voir Romaric. Je l’ai cherché tout l’après-midi pour finalement le retrouver où j’aurais dû m’attendre à le croiser sans y avoir pensé, derrière le pré de la maison d’Astor, son lieu préféré au monde. Gamine nous venions souvent courir ici en toute innocence, piquer niquer, échanger nos secrets… ça m’a serré le cœur de passer la clôture en sachant la relation que nous avions ces derniers temps mais j’avais besoin de savoir. Je voulais des réponses à mes questions. Les yeux perdus dans le vague il a fallu que je pose ma main sur l’épaule du jeune-homme pour lui signaler ma présence. « Salut Zoey… » a-t’ il murmuré. « Je ne suis pas vraiment surpris que tu sois là. » Suis-je donc si prévisible ? « Elle ne t’a jamais rien dit hein ? » Je ne suis pas certaine de comprendre où il veut en venir. Sans prendre la peine de répondre je m’assois près de lui et un vent frais vient balayer mes cheveux en arrière « Astor était malade. Elle était bipolaire... C'est pour ça qu'elle était si étrange et insaisissable depuis quelques mois, qu’elle a commencé à fréquenter ses voyous, à coucher à droite à gauche... Il y a des jours où elle allait très bien. Et d’autres où je ne savais plus quoi faire. Mais je l’aimais Zoey… Malgré tout je n’ai pas songé une seule seconde à l’abandonner. » Je déglutis difficilement, accusant le coup. Et moi qui avait passé tout ce temps à cracher derrière son dos. « Elle t’aimait aussi. Elle t’en a voulu longtemps de l’avoir repoussé sans aucune raison mais elle t’aimait. » S’il savait… En réalité nous avions toutes les deux un secret dont nous ne voulions pas parler l’une à l’autre. J’aurais du comprendre… J’aurais dû être là, la rassurer, la pousser à se battre mais c’était trop tard maintenant.
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Zoey C. Beckett

Zoey C. Beckett

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♦ Statut : Éperdument amoureuse de Saphyr, mon point de repère dans ce monde éblouissant.
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MessageSujet: Re: Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey   Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey EmptyLun 12 Oct - 17:07

Once Upon a Time...


Je veux résider au creux de ton cou...

Septembre 2012

Epuisée je passe la porte de l’appartement. Dans le couloir je quitte ma veste, mes chaussures et appelles doucement « Zara ? » Pas de réponse. Elle est certainement au boulot. Je n’arrive plus à me souvenir si elle était de service de soir. Pieds nus je rejoins ma chambre, jette mon sac un peu plus loin et me laisse tomber sur mon lit. J’avais passé le week end à Los Angeles avec un groupe d’amis de la fac et le silence qui règne ici me fait un peu bizarre du coup. Mon téléphone sonne et je lis le sms que je viens de recevoir. C’est Saphyr qui me propose de passer le voir une fois rentrée. J’hésite une seconde avant de lui répondre. Il m’a écrit ces deux derniers jours mais il avait été particulièrement désagréable à me faire des remarques et à poser des questions sur les gars avec lesquels j’avais passé mon séjour. Il était bizarre ces derniers temps, toujours à cran, lui qui d’habitude ne se prenait jamais la tête. Pourtant j’avais très envie de le voir et j’acceptais de venir dès que j’aurais pris ma douche. [...]

Il ne me faut pas plus de dix minutes une fois dehors pour rejoindre l’endroit où vit Saphyr. Comme j’en ai pris l’habitude ces dernières semaines j’entre sans frapper en m’annonçant. C’est plus souvent le jeune-homme qui vient nous rendre visite à la maison mais je n’en connais pas moins son appartement par cœur. Une certaine complicité s’est vite installée entre nous. Les premiers jours nous passions notre temps à faire l’amour sans échanger un mot mais au fil du temps nous avons fini par apprendre à nous connaître. Il ne sait rien de mes plus sombres secrets certes comme moi de son passé mais je crois qu’on peut dire qu’on est amis aujourd’hui. On passe du temps ensemble à s’apprivoiser sans pour autant nous retrouver constamment l'un sur l’autre et j’apprends à savourer l’instant présent sans me poser de questions. De toute façon les choses sont claires entre nous depuis le tout début. Nous sommes libres de fréquenter qui nous voulons tout en continuant à prendre du bon temps ensemble. Je ne me prive d’ailleurs pas et n’ai rien changé à mon quotidien mais je dois avouer que j’aime ces moments avec Saphyr. Il a quelque chose qui fait que je reviens toujours vers lui sans que je puisse me l’expliquer. « Tu vas bien ? » je demande en m’asseyant à ses cotés sur son canapé. « ça va et toi ? » Je soupire d’aise et lui prend sa cigarette des mains pour en tirer une taffe. « Très bien. J’ai passé un super week-end. » L’expression enjouée de Saphyr faiblit l’espace de quelques secondes à cette remarque. « Justement. A propos de ça… Il faudrait que je te parle de quelque chose. » Doucement il prend ma main et je me laisse faire jouant avec les siens. Saphyr était plus tactile depuis quelques jours et si j’avais prêté plus attention à son comportement j’aurais certainement deviné ce qu’il était sur le point de me dire. « Je suis jaloux. Des autres mecs sur qui tu peux poser les yeux ou fréquenter. » Les yeux baissés il finit par me regarder. « Je crois… que j’aimerais être le seul dans ta vie. Et que je t’aime. » De surprise je hausse les sourcils. Il a l’air… merde, tellement mal à l’aise. Et je crois que je ne suis pas mieux en cet instant. J’esquisse un petit sourire, prête à rire. Il allait que c’était juste une blague et puis voilà. Mais non, rien ne vient si ce n’est un lourd silence. « Mais depuis quand ? » sont les seuls mots qui sont sortis de ma bouche. Bravo Zoey, t’es toujours aussi douée pour les relations sociales ! ça aurait été n’importe qui d’autre je serais partie en courant dans un sourire cynique à cette révélation mais Saphyr comptait pour moi. Pourtant je m’apprêtais à lui briser le cœur et je me détestais pour ça. « Ecoutes… Je t’apprécie vraiment. Et même ça va au-delà de ça. Je sais que je suis pas super démonstrative comme nana mais je t’assure que tu représentes beaucoup pour moi. Seulement… pas de la façon dont tu voudrais. Je suis pas faîtes pour l’amour, ce genre de trucs c’est pas pour moi et je ne suis pas amoureuse de toi. » Je me mords la lèvre en guettant sa réaction et contre toute attente le jeune-homme sourit. « T’inquiètes. C’est pas grand-chose. » « Ok » je murmure. Je ne crois pas une seule seule seconde à son mensonge mais quoi dire de plus ? L’atmosphère qui règne alors est plus que tendue jusqu’à ce que Saphyr m’embrasse. « T’en fais pas d’accord ? » Je hoche la tête tandis qu’il me fait basculer en arrière en se montrant plus pressant contre mes lèvres. « Restes dormir ici cette nuit » il me propose en retirant mon T-shirt. « Je sais pas Saphyr… Comment ça va se passer maintenant ? Je ne veux pas encourager quoi que ce soit. » Je gémis légèrement au contact de ses doigts sur ma peau. « On va oublier tout ça, ok ? Je ne t'ai rien dit ce soir, on va zapper cette histoire et tout sera comme avant. » Comme si c’était une mauvaise grippe. J'ai beau deviner que ce plan était complètement bidon j'acquiesce quand même. Je ne voulais pas moi non plus tout arrêter.

Novembre 2012

« J’vais la tuer ! Cette pétasse a ruiné ma vie ! » D’un geste je fais signe à Saphyr de parler moins fort alors que des clients pourraient nous entendre. Il avait débarqué il y a cinq minutes au Musain fou de rage. Une fille l’avait apparemment accusé de l’avoir frappé. Seulement il est dans un tel état que j’ai du mal à comprendre ce qu’il me raconte. Je décide donc de prendre ma pause plus tôt que prévu pour entraîner Saphyr à l’extérieur et qu’il m’explique tout ça un peu plus à l’abri des regards indiscrets. « Calmes toi et parles moins vite je comprends rien ! Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ? » J’allume une cigarette pour la lui tendre, espérant que ça l’apaise un peu. « Hier je bossais à la boîte. Je suis resté derrière le bar presque toute la soirée. Seulement cette fille... Alexia Sylphie elle s’appelle je crois. Putain j’avais même jamais entendu son nom avant aujourd’hui ! Je sais même pas quelle tête elle a, j’en vois tellement passer des gens. Enfin bref, elle dit que je l’aurais agressée. Elle balance ces accusations à qui veut l’entendre et a porté plainte ce matin contre moi. » Je fronce les sourcils et essaie de réfléchir. « Mais il y a des témoins qui savent que tu n’as pas bougé de ton poste non ? Ou qui aurait pu voir l’agression et certifier que ce n’était pas toi ? » Il passe une main dans ses cheveux complètement désemparé. « J’en sais rien… J’en sais rien du tout. Elle est mineure en plus, je risque gros. » « Il faut que tu prennes un avocat ! »

Les jours qui ont suivi j’ai tout fait pour accompagner Saphyr dans ses démarches avec la justice. A part pour aller voir son avocat il refusait de sortir de chez lui. Une fois seulement j’ai réussi à le convaincre de venir à l’appartement. Zara était inquiète elle aussi. Elle se demandait ce qu’il allait se passer. Thomas, celui qui était chargé de prendre sa défense nous avait promis qu’il allait tout faire pour lui éviter la prison avant le procès qui devait arriver rapidement. Malheureusement le juge en a décidé autrement quand il a découvert les antécédents de Saphyr. On avait pas de quoi payer la caution pour le faire sortir. C’est donc impuissante que je lui rendais visite aussi souvent que je le pouvais après les cours. Le soir je rentrais complètement dévastée. Son chien était là pour me rappeler un peu plus son absence, il jouait avec Francis, celui que moi j’avais recueilli il y avait quelques mois. Ils avaient l’air si insouciants que ça me donnait envie de pleurer mais je m’arrangeais toujours pour craquer lorsque j’étais seule.

« Comment tu te sens aujourd’hui ? » Saphyr se contente de hausser les épaules à ma question. Il a une sale tête. Je n’ose pas lui demander mais je jurerais voir une trace sous son œil comme si on lui avait donné un coup de poing. Chaque jour il a un peu plus mauvaise mine. Je m’efforce pourtant de rester toujours la plus positive possible pour lui changer les idées. J’aimerais pouvoir le serrer contre moi mais les gardiens nous interdisent tout contact physique. « Tes lèvres me manquent. » « Tu me manque aussi. » S’il savait à quel point… « Je t’aime. » Dans un petit sourire je le regarde avant de baisser les yeux. « Et là comme d’hab tu dis plus rien et fuis mon regard. » Je joue avec les bracelets autour de mon poignet pour me donner contenance. « Qu’est-ce que tu attends de moi exactement ? » Après tout c'est lui qui avait voulu qu'on fasse comme si de rien n'était. Je savais que ça tournerait mal un jour. Il soupire et gigote sur sa chaise, énervé. « Rien, laisses tomber. Tu devrais y aller. » Il était probablement stressé avec l’audience qui approchait. « D’accord. Je reviendrais demain quand tu te seras calmé. » Le ton de ma voix est légèrement amer. Je ne suis pas non plus du genre à me laisser faire malgré les circonstances. « Non y’a pas de demain. Y’aura pas de demain ! » J’observe le moindre de ses gestes avec attention. Ils traduisent un état de manque considérable. Je le sais pour avoir déjà remarqué le même genre d’agressivité chez Ethan. « Dis pas de conneries. » Il se lève furieux. « C’est pas des conneries putain ! J’ai pas besoin de votre soutien à la con. Crois moi j’ai enduré bien pire dans ma vie. » On nous surveille un peu plus attentivement tandis que Saphyr hausse le ton. « Je suis sérieux Zoey. Je veux plus te voir. Alors tu me lâches et tu ne reviens plus jamais ici ! » Il m’aurait fait moins mal s’il m’avait donné une gifle. « T’as raison, t’es le plus fort, tu n’as surtout besoin de personne. Tu sais quoi ? T’as gagné je laisse tomber. Au revoir Saphyr. » Le visage impassible je me redresse, range ma chaise et sors sans un regard en arrière.

Les jours qui ont suivi, ça a été le silence radio. Je ne suis pas retournée voir Saphyr. Il m’a laissé quelques messages vocaux dans lesquels il s’excusait mais je n’ai pas cherché à décrocher. Je lui en voulais beaucoup de m’avoir rejetée sans ménagement. J’ai aussi compris ce jour-là que Zara et lui avaient beaucoup à cacher sur ce qu’il avaient vécu plus jeunes. J’ai pris sur moi, j’ai continué à avancer en essayant de ne pas trop penser au jeune-homme tout ça jusqu’au jour du procès. Je m’y suis rendue évidemment et j’étais même morte de trouille bien que j’essayais de le cacher à mon amie qui tremblait comme une feuille à l’idée que son frère finisse ses jours en taule. A l’audience j’ai aussi fait la connaissance d’une amie de Saphyr, Elena Blueberry, son agent. Elle m’a tout de suite plu, une femme pleine d’assurance. Nous avons discuté quelques instants jusqu’à ce qu’on nous demande de faire le silence le plus complet. [...]

Libre. Saphyr est libre. Thomas et lui ont gagné le procès et il a été innocenté. Le nœud que j’avais dans l’estomac s’est dénoué à l’annonce du verdict. La seule chose que je ressens à présent c’est du soulagement. Sous la douche j’ai pleuré de joie avant de finir de me préparer. Le jeune-homme vient passer la soirée à la maison pour fêter son retour. J’ai laissé Zara au tribunal avec lui tout à l’heure pour qu’ils puissent se retrouver. Je ne l’ai pour ma part toujours pas revu. Depuis notre dispute je ne lui ai pas adressé un mot. Quand je les entends rentrer, mon cœur s’emballe. Je prends quelques minutes pour me calmer avant de les rejoindre dans le salon.  Zara, qui a compris depuis un moment maintenant qu’il se passait quelque chose entre nous s’éclipse et je croise le regard de Saphyr. « On s'fait la bise, ou... ? » Je souris malgré moi et sans réfléchir m’approche pour le prendre dans mes bras sans un mot. En silence nous prenons le temps de nous retrouver. Je sens le visage du jeune-homme se glisser dans mes cheveux et le serre plus fort. Quand je l’entends sangloter sous le coup de l’émotion je le berce doucement et le rassure en chuchotant à son oreille. « Tout est fini maintenant. » Il embrasse mon front, mes joues, mon menton avant d’hésiter en fixant mes lèvres. Sans réfléchir je consume ce baiser tant désiré depuis trop longtemps maintenant. « Tu m’as tellement manqué. » Je me détache de ses bras pour pouvoir le regarder et essuie ses larmes. « Je ne t’abandonnerais plus. » J’aurais tellement aimé qu’il dise vrai mais j’essaie de rester lucide. Plusieurs fois j’avais été déçue par le passé. Il y avait d’abord eu mon père puis Astor. Depuis son suicide je flippais à l’idée de m’attacher à quelqu’un de nouveau. « Ce ne sont que des mots. » Je vois Saphyr déglutir avec difficulté, déçu. « J’aimerais tellement te prouver à quel point je t’aime. » Le jeune-homme a l’air un peu perdu et je lui prends les mains avant de me lancer. « J’aimerais aussi. Tu sais… Je ne suis jamais tombée amoureuse. En fait... je me le suis toujours interdit. Je n'ai jamais cherché à compter aux yeux d’aucun autre homme avant toi. C'était inutile, aucun n'en valait la peine. Et puis je sais ce que c'est d'être seule livrée à soi-même et je m'en suis toujours bien sortie. Alors voilà il n'y a jamais eu personne. Mais toi, toi tu en vaux la peine. Enfin je crois. J'aimerais m'en assurer. » J’avais besoin qu’il me prouve ses sentiments pour pouvoir me laisser aller avec lui, me confier comme jamais je ne l’avais fais avec personne encore. Mais pour l’instant l’heure était aux retrouvailles et je l’embrasse une nouvelle fois.

« A demain » je lance à l’intention de mes collègues dans un dernier coucou avant de quitter le bar lessivée. Saphyr m’attend au volant de sa voiture. Lui aussi travaille au Musain à présent, le boss lui a laissé sa chance malgré les évènements récents, mais c’était son jour de repos ce vendredi. J’ouvre la portière côté passager et effleure ses lèvres pour le saluer alors qu’il sautille presque sur son siège, tout content. « J’ai trouvé Zoey ! J’ai trouvé ! » Je fronce les sourcils d’incompréhension. « Tu as déterré un trésor ? » je le taquine. J’attache ma ceinture et il démarre en trombe. « Mais non ! » Sa bonne humeur est contagieuse et je souris. « Qu’est-ce qu’il se passe ?! » Sans quitter la route des yeux je vois pourtant son regard s’allumer. « J’ai trouvé comment te prouver que je suis fou de toi ! » Depuis ce soir-là où je lui avais avoué que j’étais morte de trouille à l’idée de me laisser aller avec lui si je n’étais pas certaine qu’il m’aimait et ne me laisserait jamais tomber Saphyr est obsédé à l’idée de faire ses preuves. Je soupire. « Tu penses encore à ça… » Je me frotte les yeux de fatigue avant de le regarder. « J’y pense même sans arrêt. » Saphyr se gare devant son immeuble, retire la clé du contact et me caresse la joue. « Allez viens. Tu vas voir la surprise que je t’ai réservée. » J’acquiesce avant de le suivre pour monter les escaliers jusque chez lui. « J’ai profité de mon temps libre cet après-midi pour réunir toute ma réserve de drogues dures. » Je grimace à cette idée, drôle d’activité… Et il croyait vraiment que ça allait me faire plaisir ? « Et maintenant je vais tout jeter sous tes yeux ! » … Hein ?! « T’es sérieux ? » Je suis sur le cul là je dois l’avouer et le fixe avec instensité. « On ne peut plus sérieux. » Il s’empare du sac et m’entraine jusqu’à la benne dehors. Tandis qu’il s’apprête à balancer le tout je le retiens, inquiète. « Saphyr… T’es sûr de vouloir tout arrêter ? D’être prêt pour ça ? Si tu fais une chose pareille je veux que ce soit pour toi, pour ta santé. Pas pour moi. » D’une voix ferme il m’affirme presque tout de suite « je suis sûr de moi. » Fermement je viens prendre sa main libre. La sienne s’ouvre pour laisser tomber son stock. « Je suis fière de toi Saphyr Vilkas. » je murmure encore un peu sous le choc mais heureuse avant tout. « Je te l’ai dit je suis prêt à tout. C’est avec toi que je veux être. D’ailleurs tu ne voudrais pas emménager à l'appartement ? » Ma respiration se coupe. C’est beaucoup trop d’un coup pour moi. Et trop d’émotions pour une seule et même soirée. « Laisses-nous encore un peu de temps d’accord ? » Nerveusement je me mords l'intérieur des joues. J’avais peur qu’il finisse par se lasser de mes refus, de mes rejets.

Décembre 2012

Le regard perdu dans le vague j’essaie de me concentrer sur la fin du cours de littérature en vain. La voix du prof est bien trop soporifique. Plutôt que de perdre mon temps dans l'amphithéâtre à ne rien faire je rassemble mes affaires et quitte discrètement la pièce. Quelques regards se tournent vers moi mais personne ne m’arrête. La fac c’est la loi de la jungle. Si tu ne veux pas écouter ou venir, libre à toi mais démerdes toi ensuite pour rattraper ton retard. Heureusement pour moi j’ai toujours eu des facilités à m’adapter à toutes les situations et à apprendre. Rapidement je retrouve l’air frais quand mon téléphone sonne. C’est Saphyr. « Salut toi. Ça va ? » Sa voix est faible à l’autre bout du fil. « ça va… je crois. » « Tu crois ? » je répète inquiète. « Je… J'ai replongé Zoey. » Il ne me faut pas longtemps pour comprendre qu’il parle de la drogue. « J’suis désolé. J’suis pas à la hauteur. Oublies moi ça vaut mieux. » Pour mieux l’entendre je rejoins rapidement ma voiture et me glisse à l’intérieur. « Bien sûr que non, je ne vais pas te laisser tomber comme ça. C’est aussi ma faute je ne t’ai pas assez soutenu. Mais je vais t’aider, on va y arriver ok ? » Je l’entends bouger à l’autre bout du fil. « J’suis pas un mec bien. Je suis en train de péter les plombs Zoey. » « Tu veux que je vienne ? » je demande. Sa réponse un peu trop directe m’alerte. « Non ! Non surtout pas ! J’ai fais une connerie, tu serais pas contente. » En réalité j’avais déjà démarré. Moi aussi je peux être une tête de mule quand je veux. « Ne bouges surtout pas, j’arrive ! » Quand je suis rentrée chez lui Saphyr était allongé par terre, presque inconscient, une boîte de médicaments à ses côtés. Jamais je n’avais vu à une scène pareille. J’étais tellement morte de peur et sous le choc qu’il m’a fallu bien trente secondes avant de réagir et de retrouver l’usage de la parole. En pleurs je me suis jetée à ses pieds et j’ai caressé ses cheveux avant d’appeler les secours paniquée. Trois fois il a fallu que je leur indique l’adresse tellement ils ne comprenaient rien au travers de mes sanglots. Dix minutes plus tard, c’est dans un état second que j’ai regardé les pompiers lui venir en aide pendant que je me faisais la promesse de toujours être là pour lui à l’avenir s’il s’en sortait.

Un bâillement m’échappe tandis que je tire une chaise pour m’installer au chevet de Saphyr. Je suis épuisée mais je ne dors plus depuis sa tentative de suicide. Le jeune-homme est réveillé depuis plusieurs heures, physiquement il va bien, mais je ne me remettrais jamais de ce à quoi j’ai assisté. « Comment tu te sens ? » je murmure à son intention. Il hausse simplement les épaules.  Une question me brûle les lèvres et j’ose finalement la poser. « Pourquoi est-ce que t’as fais ça ? » Je m’empare de sa main pour l’encourager à parler mais sa réponse me surprend un peu. « C’est pas moi qui l’ai fait. » Saphyr me regarde apeuré. « C’est pas moi. C’est Nykolas. Et les voix dans ma tête. » Mes sourcils se froncent. « Il n’y a pas de voix dans ta tête Saphyr… » j’essaie de le rassurer en caressant sa peau. « Si je les entends. C’est insupportable Zoey, je veux qu’elles s’arrêtent. Qu’elles se taisent. » Impuissante je fais pression sur son bras comme pour lui dire que je suis bien là avec lui. « Je m’inquiète pour toi. » Et encore c’est un euphémisme.  « Quand tu seras sorti d’ici j’aimerais venir vivre à tes côtés si tu es toujours d’accord. Je sais que j’ai refusé il y a quelques jours mais je veux prendre soin de toi… » Le ton de ma voix est presque suppliant. Quand Saphyr acquiesce je souris timidement avant de venir effleurer ses lèvres.


2 janvier 2013

La paranoïa, les variations de l’humeur, l’incohérence dans le discours… sont des symptômes de délires psychotiques. Dans un cadre psychiatrique, certains traitements médicamenteux peuvent être mis en place. Les traitements sont prescrits…
Absorbée par ma lecture je n’entends pas lorsque Saphyr passe la porte de l’appartement. C’est seulement lorsqu’il se plante devant moi que je réagis. D’un geste je referme rapidement mon ordinateur avant qu’il y jette un œil et lui souris. « Hé.Tu as passé une bonne journée ? » Je lui fais une place à mes côtés sur le canapé et il m’embrasse pour me saluer. A ce simple contact je frissonne. C’est fou l’effet qu’il peut me faire. Cela faisait des semaines maintenant qu’il était le seul avec lequel je partageais mes nuits et surtout le seul à occuper sans arrêt mon esprit. Pour me changer les idées, la veille j’avais retrouvé un vieil ami. Plusieurs fois nous avions déjà couché ensemble mais hier je n’avais tout simplement pas pu. Il avait à peine effleuré ma peau que je l’avais repoussé. Par chance il avait été compréhensif. La plus troublée des deux ça avait été moi et j’avais bien failli fondre en larmes. J’avais peur de comprendre ce qu’il m’arrivait. J’étais en train de tomber amoureuse de Saphyr et ça me paralysait. « Il y avait personne au bar ce soir. Et toi ? T'es rentrée tard hier soir. » Je hoche la tête et me pince les lèvres en détournant les yeux. « Oui je buvais un verre avec un ami. » D’habitude je suis une bien meilleure menteuse. « Tu devrais t’éloigner de lui… » Mes sourcils se froncent. « Comment ça ? » « De ce mec. Tu devrais t’en éloigner. C’est Nykolas qui le dit. Il dit aussi que tu devrais me fuir. » Il me regarde, l’air stoïque. « Il a raison, je suis complètement barge de toute façon. » Timidement je tends la main pour caresser sa joue. Quand il est en pleine crise il ne se laisse parfois pas approcher mais Saphyr ne me repousse pas. « Tu n’es pas complètement barge. » Un rire s’échappe de ses lèvres. « Si bien sûr que si c’est pour ça que t’es là même. Pour me surveiller. Mais ça change rien ! Ils sont toujours là. Je les entends. » Tendrement je m’assois par-dessus ses jambes et prend son visage entre mes mains. « Il n’y a que toi et moi ici. Tu te rappelles ? On en a déjà parlé. » Difficilement il déglutit. Il n’est pas agité ce soir mais il a l’air terrifié et balbutie. « D’accord. Juste... toi et moi. Et personne d’autre. » Je le serre contre moi en essayant de respirer calmement avant de plonger mes yeux dans le brun des siens. « Quand tu douteras je veux que tu me regardes comme ça et je serais là pour te rassurer d’accord ? » Il acquiesce et je me calme en même temps que lui. « Tu vois on est bien là.  Et si je suis ici c’est parce que tu comptes pour moi avant tout. » La respiration de Saphyr est de nouveau normale. Cette proximité me fait un bien fou. « Mais tu ne m'aimes pas ou du moins pas comme je le voudrais, c'est ça ? » C’est le moment ou jamais. Je cille avant de murmurer « j’ai mis longtemps à l’accepter mais si… Je t’aime Saphyr. » La surprise se lit sur son visage alors que je recule légèrement du sien pour l’observer. « Sérieusement ? » Tendrement, je viens l'embrasser. « Oui sérieusement. » Il sourit enfin et je fonds littéralement devant son expression ravie. « Je t’aime aussi Zoey. » Le cœur battant mes lèvres s’élargissent à leur tour. « A partir de maintenant ça ne sera rien que nous deux. » Plus jamais je ne voulais le partager avec qui que ce soit d’autre. J’étais morte de peur à l’idée de ne pas être à la hauteur mais je ne voulais que lui. « Pour toujours et à jamais. » Cette devise me plaît bien.

9 février 2013

Sur le Golden Gate Bridge, appuyée contre la barrière je lève les yeux pour apercevoir Saphyr. J’étais terrorisée à l’idée qu’il saute et qu’il essaie une nouvelle fois de mettre fin à ses jours comme il venait de me dire vouloir faire. Pas une deuxième fois je ne savais pas si je serais capable de le supporter. La journée avait pourtant bien commencée. Un dimanche comme les autres. Lui et moi nous étions réveillés dans les bras l’un de l’autre.  Il n’y avait pas d’endroit au monde où je me sentais chez moi comme dans ses bras. Depuis que nous étions ensemble je me sentais enfin à ma place. Saphyr et moi n’avions jamais été en couple ni l’un ni l’autre avant notre relation, nous nous disputons souvent et cherchions encore nos marques tous les deux mais nous sommes heureux ensemble. Il y a un mois nous étions partis en voyage en Inde et ça avait été fabuleux. La seule ombre au tableau c’était en réalité les troubles psychotiques du jeune-homme. Cet après-midi Saphyr avait rendez-vous à l’hôpital avec ses médecins. Il m’avait caché la nouvelle pour me l’annoncer  au téléphone seulement une fois sorti de sa consultation il y a un peu moins d’une heure. Les nouvelles n’étaient pas bonnes. Le ton est vite monté. Je sentais qu’il paniquait. Quand il m’a enfin avoué se trouver sur le pont de San Fransisco je m’y suis tout de suite rendu. J’avais promis de toujours être là pour lui. Seulement voilà, il avait grimpé sur une plateforme et j’ai eu beau insister pour le rejoindre, il voulait à tout prix être seul.
Les minutes m’ont parues des heures avant que je le vois redescendre par l’échelle de secours. Enfin je m’autorise à respirer un peu plus calmement. Je l’aperçois me faire de grands signes de l’autre côté de la rue et il s’apprête à traverser. Tout se passe ensuite si vite et dans un tel vacarme, que je mets quelques temps à réaliser.  Saphyr se fait renverser sous mes yeux. Et ce n’est que lorsque j’aperçois son corps à terre que je réagis enfin, le rejoignant dans un cri déchirant sans moi-même prendre garde à la circulation. Sans réfléchir je me jette à genoux tout près de lui. Ma vue commence à se brouiller à cause des larmes qui me montent aux yeux.  « Non non non c’est pas possible pas comme ça ! » je murmure pour moi-même. Pas après tout ce qu’on a déjà traversé, pas après avoir passé une demi-heure à essayer de le convaincre de rester en vie au bout du fil. Je relève la tête et analyse la situation. Nous ne sommes pas seuls évidemment, au moins une dizaine de paire d’yeux nous fixent. Je trouve ça tellement malsain. J’ai envie de leur hurler de dégager à cette bande de voyeurs. Je gratifie d’un regard noir l’homme le plus proche de moi « Vous, vous attendez quoi pour appeler les secours plutôt que de rester planté là?! » Je vérifie qu’il s’exécute bien avant de chercher des yeux le conducteur. J’étais tellement en colère, après lui, après l’humanité toute entière. « Vous ne pouviez donc pas faire attention ?! » je hurle ravagée par quelques sanglots. Aucune réponse. Il ne méritait même pas que je lui adresse la parole. Ce connard n’avait pas une égratignure lui. Je reporte plutôt mon attention sur Saphyr et tremble un peu en voyant tout le sang qui s’échappe de son corps. Ne pas paniquer, ne pas paniquer. C’est dans ces moments-là que tu regrettes ne pas avoir appris les gestes de premiers secours. Peut-être quelqu’un ici aurait pu m’aider mais je refusais que quiconque à part les pompiers s’approche de nous. Alors en les attendant je me couche auprès du jeune homme. Mes lèvres tout près de son oreille je murmure doucement « Mon amour tu m’entends ?! » en priant bêtement pour qu’il me réponde en vain. Je résiste à l’envie que j’ai de lui caresser les cheveux ou de lui prendre la main pour le rassurer, ou me rassurer moi je sais pas trop - je ne voudrais pas aggraver la situation - et continue simplement. « Ne me laisses pas s’il te plaît, je t’aime tellement. » Je déglutis difficilement. « Les secours arrivent alors tiens le coup. » Le bruit des sirènes me parvient d’ailleurs et je m’apprête à m’écarter pour laisser les pompiers faire leur travail.

11 et 12 février 2013

Sagement je m’assois sur une chaise dans la cuisine avant de jeter un œil à Jenna. Jenna c’est la femme pour laquelle mon père a quitté la maison quand j’étais gamine. La femme qu’il aime. On ne s’entend pas très bien toutes les deux. Probablement parce que je ne fais pas assez d’efforts. Je n’ai pas envie d’apprendre à la connaître. « Il arrive bientôt ? » je demande. Elle hoche la tête. « Il est 17h30, il a dû quitter son bureau à l’heure qu’il est. » Sans un mot je me lève pour me servir un verre d’eau. En silence nous attendons jusqu’à ce que j’entende enfin quelqu’un entrer. « C’est moi ma chérie » lance mon père. Jenna se précipite à sa rencontre pendant que je roule les yeux avant de la suivre. Un sourire apparait sur les lèvres quand il m’aperçoit. « Ma puce, ça fait longtemps » il murmure en me serrant dans ses bras. « Comment vas-tu ? » Je hausse les épaules. Saphyr est toujours à l’hôpital, suite à son accident les médecins l’ont gardé en observation et pensent avoir trouvé la cause de ses troubles psychotiques. Ce serait peut-être une tumeur il était justement en train de passer des examens. Je suis morte d’inquiétude. Ethan lui est distant depuis que je suis en couple, il est jaloux je crois et surtout il s’enfonce toujours un peu plus dans la drogue. Je ne dors plus, j’ai du mal à me concentrer à la fac. Pourtant je réponds « ça va. » Il n’a pas l’air convaincu. « Tu as mangé Zoey ? J’ai fait un gâteau cet après-midi, tu en veux un morceau ? » me propose Jenna. Machinalement je réponds par l’affirmative. Une nouvelle fois nous nous attablons mais tous les trois. Je ne parviens pas à avaler une bouchée de mon dessert pendant que nous discutons de choses et d’autres. Enfin j’ose parler de l’objet de ma visite. « Je m’inquiète pour Ethan papa… » A l’évocation de ce nom Jenna nous laisse pour nous laisser un peu d’intimité. « Il prend un mauvais tournant en ce moment, je n’aime pas pas ça. Je sais que vous ne vous parlez plus depuis qu’il est parti mais…il a besoin de toi. Il a besoin de nous tous. Et ces derniers temps il ne m’écoute pas non plus. » Je me pince les lèvres. « Je pense qu’il devrait faire une cure de désintox. » Il soupire et finit par me regarder. « Je vais essayer d’aller le voir. » Au fond il ne pouvait pas s’empêcher de se faire du soucis. Ethan était son fils après tout. « Merci. » Parce que je ne savais plus quoi faire pour aider mon frère. Il était temps pour nous de grandir, de sortir de notre bulle et de reconnaître que nous avions besoin d’aide parfois. J’avais un peu l’impression de le trahir en parlant derrière son dos mais je n’avais plus le choix. Je me lève finalement. « Il faut que j’y aille. » « Déjà ? » Je m’approche pour le prendre dans mes bras. « Oui je suis désolée mais je reviendrais bientôt. » Je m’éloigne pour m’arrêter au seuil de la porte d’entrée et le regarde une dernière fois. « Oh et papa… J’ai rencontré quelqu’un. Il s’appelle Saphyr. On vit ensemble aujourd'hui et je suis amoureuse de lui. J’espère que j’aurais bientôt l’occasion de te le présenter. » Sur ces paroles je sors sans attendre sa réponse. Sinon je devrais m’épancher sur mes inquiétudes concernant la santé du jeune-homme et je ne veux pas craquer. Pas maintenant.

« J’ai bien une tumeur. » Assise au bord du lit d’hôpital de Saphyr je blêmis. Avant même qu’il n’ouvre la bouche j’avais deviné à son expression que les résultats de son IRM n’étaient pas bons. « C’est bien la cause de mes troubles. Ils m’opèrent demain matin en urgence. » J’ouvre la bouche pour la refermer. Aucun son ne veut en sortir. C’est une intervention plus que risquée. Et malheureusement je ne suis pas d’un naturel optimiste. En prenant garde à ne pas lui faire de mal je m’allonge à ses côtés. « Tu vas t’en sortir, on va surmonter ça hein ? » je murmure les larmes aux yeux. Saphyr acquiesce. Je sais qu’il n’est pas rassuré lui non plus mais il essaie d’être fort pour nous deux et j’en suis touchée. « Fais moi confiance. Bientôt tout sera fini et on vivra heureux. » J’embrasse ses lèvres tendrement et il sourit d’un air malicieux. Sa main glisse sur ma cuisse pour la caresser avant de se faufiler à l’intérieur de mon jean. « ça, je ne suis pas sûre que ce soit une bonne idée… » Comme pour me donner raison la machine qui mesure le rythme cardiaque de mon petit ami se met à sonner alors que son palpitant s’emballe. Nous ne pouvons retenir un petit rire malgré notre frustration et je l’aide à se calmer avant que les infirmières ne débarquent. « Fais chier. » Je suis bien d’accord… Ma main vient prendre la sienne et je tourne la tête pour planter mon regard dans le sien. « Il y a quelque chose d’autre que tu aimerais faire en particulier ce soir ? » Si cette nuit devait être la dernière que nous passerions ensemble je voulais à tout prix lui faire plaisir. « Je fumerais bien un pétard… » Mon visage s’illumine. « Tu as frappé à la bonne porte ! » L’hôpital c’est ma deuxième maison depuis que j’avais appris pour mon insuffisance cardiaque. Souvent je m’échappais sur le toit. Ensemble nous préparons une évasion pour nous y rendre sans nous faire griller par l’équipe de nuit. [...]
« La vue est magnifique. » Le vent dans les cheveux je respire l’air frais avant de sortir mon étui à cigarette. J’en tire un joint et l’allume avant de le tendre au jeune homme. « J’adore me réfugier ici pour échapper à mes problèmes. Depuis le temps que je fais des séjours à l’hosto les infirmières n’ont jamais capté que c’est ici que je me cache quand je disparais. » Je resserre ma veste contre moi tout en observant Saphyr fumer. Je m’imprègne du moindre de ses gestes, de la moindre de ses mimiques. Au cas où... « Viens là » je l’invite en ouvrant les bras. Maintenant qu’il n’est plus relié à aucun appareil je me permets de l’embrasser langoureusement. Ma langue vient jouer avec la sienne et je ne me détache de son visage qu’après de longues secondes. « Je t’ai déjà dit que tu étais la plus parfaite des petites amies ? » Une nouvelle fois je ris avec lui. Quoi qu’il arrive le sourire qu’il affichait en cet instant resterait à jamais gravé dans ma mémoire.

○○○

La matinée avait été longue, l'attente insoutenable. L'intervention m'avait paru durer une éternité. Cette nuit je suis restée auprès de Saphyr dans son lit, je ne l'ai quitté que lorsqu'il est entré au bloc, je ne voulais plus le lâcher. Il était maintenant en salle de réveil. Les médecins m'ont dit que l'opération s'était bien passé. Un vrai miracle selon moi. Ma main dans la sienne j'attendais patiemment qu'il se réveille enfin quand il ouvre les yeux. C’est la pression de ses doigts sur les miens qui me tire de mes pensées. Tendrement je me redresse tout en caressant son poignet, lui laissant le temps de réaliser où il est et ce qu’il s’était passé. « Hé… » « Tu as réussi Saphyr » je murmurre. Des larmes de soulagement glissent le long de mes joues sans que je n’y prête vraiment attention, concentrée sur le jeune-homme. « On avait parié quoi déjà ? » Je souris, il est même assez en forme pour faire de l’humour. « Tu auras droit à tout ce que tu voudras. Je suis tellement heureuse de te revoir. J’ai eu tellement peur. » Je lui vole un bref baiser et je jurerais presque apercevoir une grimace sur le visage de Saphyr tandis que je ne m’éternise pas contre ses lèvres. « Tout va bien maintenant » il me rassure, les yeux à peine ouvert. « Reposes toi mon cœur, je serais là à ton réveil. » Il lutte pourtant contre le sommeil et je comprends qu’il a peur. « Tu t’es réveillé une fois, tu te réveilleras une deuxième. T'es un battant. Mais il faut que tu reprennes des forces. Plus vite tu iras mieux, plus vite on pourra rentrer chez nous. » Dans un hochement de tête il se laisse aller au sommeil et je m’essuie les yeux avant de me rassoir à ses côtés.


Juin 2013

Les semaines qui ont suivies son intervention chirurgicale Saphyr et moi avons profité pleinement d’être enfin réunis et heureux. D’apprendre à nous connaître sur le bout des doigts. J’avais de la chance de l’avoir près de moi et je le réalisais un peu plus chaque jour. Malheureusement l’amour ne suffit pas parfois. Ethan, sous les conseils de mon père a finalement choisi d’intégrer un centre de désintoxication. Et il a continué à s’éloigner encore de moi. J’ai assez mal vécu ce rejet. Je suis partie en vrille. Le soir je rentrais tard, je sortais avec des amis et buvais beaucoup. Je me suis renfermée sur moi-même à nouveau et Saphyr était totalement impuissant. Il a essayé de m’aider, vraiment. Mais il n’est pas parvenu à calmer mes tendances autodestructrices. Au contraire j’ai même ravivé les siennes. Nous avons décidé de faire une pause pour pouvoir régler nos problèmes. Seulement un soir au travail la situation a dérapé. Saphyr draguait une autre femme sous mes yeux et je ne l’ai tout simplement pas supporté. Après avoir failli nous battre elle et moi une dispute a encore éclaté avec Saphyr. Et je l’ai quitté. Je n’en n’avais aucune envie pourtant mais il le fallait. Sur un coup de tête il est reparti dans son pays natal la Lituanie. Seulement là-bas vit son beau-père qui durant son enfance avait abusé de lui. Il a recommencé durant son séjour. L’homme que j’aimais est rentré totalement détruit. Quand je l'ai revu aussi mal en point j’ai pris soin de lui et nous nous sommes reconstruits ensemble. Je me suis réconciliée avec mon frère également quand il est sorti de sa clinique. Il m’a pardonné d’avoir parlé à papa de ses problèmes. Et il a fini par accepter que j’ai un homme dans ma vie. Entre eux ça a toujours été électrique mais un certain équilibre est venu panser nos plaies à tous. Jusqu’au départ de Zara. Pour ses études elle a déménagé à Sydney en Australie. Nous lui avons rendu visite avant l’été. A notre retour Saphyr était distant. Il voulait la rejoindre. Je ne voulais pas quitter le pays. Alors je l’ai laissé partir…

« Tu n’aurais pas dû m’accompagner » murmure Saphyr devant la porte d’embarquement de l’aéroport. « C’est peut-être con mais… je veux te voir grimper dans cet avion. Sinon je crois que je vais continuer à espérer que tu peux encore changer d'avis. » Il prend mon visage entre ses mains. « Je te promet de venir te voir. » Vraiment ? Alors que des milliers de kilomètres allaient nous séparer ? J’avais bien envie de le croire mais préférais ne pas me faire d’illusions. « ça va aller ? » Je hausse les épaules, pas vraiment certaine de comprendre sa question. Violemment je me mords la lèvre mais je ne peux retenir un sanglot puis les larmes qui menaçaient de couler depuis des heures. « Tu vas tellement me manquer » j’avoue finalement. Ses lèvres rejoignent les miennes et je m’agrippe à lui comme une petite fille sur le point de se noyer pourrait s’accrocher à sa bouée de sauvetage. La voix d’une hôtesse résonne dans le grand hall pour appeler les passagers en destination de Sydney. Mon cœur se serre. « Sois heureuse surtout. » Cachée contre son épaule j’acquiesce par automatisme. Mais je ne savais franchement comment allait se passer les prochains jours, les prochaines semaines. « Et toi fais attention à toi. » Il m’embrasse encore et finit par s’éloigner. « Saphyr, attends ! » Je fais quelques pas en avant défiant quiconque de me retenir bien que je n’ai pas le droit de m’engager dans la zone d’accès au vol et enlèves ma bague. Celle que je portais toujours et que m'avait donnée ma mère. « Tiens. En souvenir de moi. Prends-la... S'il te plait. » Saphyr hésite mais accepte finalement de refermer ses doigts sur le bijou avant de me tendre sa chaîne. « Merci » je balbutie les yeux rouges tandis que je l’accroche autour de mon cou. « Merci pour tout. » Dans un sourire triste il murmure un petit « je t’aime » auquel je réponds. A nouveau je le regarde se retourner puis partir. Inconsolable j’attends de voir l’avion décoller avant de retrouver l’usage de mes jambes. C’était comme si on venait littéralement de m’arracher le cœur.

Septembre 2013

Saphyr porte le joint à ses lèvres. Il tourne la tête dans ma direction, debout sur le lit. « Regardes ça ma puce je vais nous faire décoller. » Le sourire aux lèvres - ce sourire que j’affectionnais tant et qu’il n’a que lorsqu’il me regardait amoureusement - il se met à sauter. En boxer, tout content tel un gamin de cinq ans il s’élance de plus en plus vite et de plus en plus haut. L’image se fait un peu plus floue mais on peut voir ses cheveux en bataille s’ébouriffer un peu plus à ses mouvements. Je me souviens que c’était le matin, nous venions à peine de nous lever. Je m’entends glousser heureuse. En cet instant j’étais une adolescente comme une autre. Ce que je n’avais jamais vraiment été avant de rencontrer Saphyr. Il n’y avait qu’avec lui que j’arrivais vraiment à me laisser aller au bonheur et à rire de si bon cœur. Quelques secondes passent et le jeune homme s’arrête. « Tu vas lâcher ce téléphone et arrêter de me filmer oui ? » J’avais du secouer la tête car il s’approche en faisant quelques ronds de fumée. Ses yeux bruns s’illuminent un peu plus et ses lèvres se retroussent dans une petite grimace pour grogner « GRRRR. » Ma voix résonne dans un miaulement et Saphyr disparaît du champ de la caméra pour se nicher dans mon cou. Il y a comme un bruit sourd puis un mouvement brusque et c’est le noir complet.

Doucement je passe mon pouce sur l’écran et caresse le visage de Saphyr. Ethan apparait derrière moi et soupire en me voyant –encore- regarder cette vidéo. Je sursaute « tu m’as fais peur ! ça fait longtemps que t’es là à m’observer ? » Il est quinze heures mais je n’ai pas bougé du lit. Hier j’ai rendu l’appartement dans lequel je vivais auparavant avec l’homme qui hante toujours mes nuits et mon esprit après presque trois mois d’absence. Je n’ai donc goût à rien. « Non, je venais seulement te dire que je sors. Je te retrouve ce soir ? Essaies de ne pas passer ta journée à te morfondre ici » J’acquiesce pour lui faire plaisir et le laisse s’éloigner. En plus de mon envie de rester à tout jamais recroquevillée sous la couette de mon frère, ma joie de vivre s’est envolée aussi depuis son départ. Seul reste aujourd’hui le vide. Et le manque. Malgré la souffrance pourtant il faut bien continuer à vivre. J’avais passé un temps fou à me morfondre. Naturellement quand mon monde s’est effondré c’est auprès de mon jumeau que je me suis retournée. Il a pris soin de moi pendant des semaines mais il est temps maintenant que je commence à aller de l’avant. C’est du moins ce que je suis en train de me dire quand l’écran du téléphone que je tiens dans les mains s’éclaire pour m’afficher le prénom "Saphyr" . Il est en train de m’appeler. Putain je rêve. Sans réfléchir je décroche.

« Allo ?! » « Zoey ? Comment tu vas ? » « … Bien et toi ? » « Je… ouais ça va. Je suis en ville pour un petit moment, tu crois qu’on pourrait se voir ? Au plus vite de préférence. Il y a quelque chose dont j’aimerais te parler. » « On se retrouve au Tank Hill Park dans une petite heure ? » « C’est parfait. A tout de suite. » « A tout de suite. »

[...] « Je vais pas y aller par quatre chemins Zoey, mais... je suis revenu à San Fransico… Définitivement. » Plantée là au beau milieu du jardin public et mal à l’aise depuis tout à l’heure, je sens mon cœur se mettre à battre la chamade. « Définitivement ? » je répète. Je n’étais pas certaine d’avoir bien compris. « J'ai été totalement con. Je n'aurais pas dû partir loin de toi, mais il a fallu ça pour que je réalise combien je t'aimais et que tu étais importante dans ma vie. C'est pour toi, que je suis de retour ici. Uniquement pour toi... » Ces trois petits derniers mots résonnent dans ma tête. Uniquement pour moi. Alors je ne rêve pas cette fois ? Je ne vais pas me réveiller haletante et découvrir que rien de tout ça n’est vrai ? Je résiste à l’envie que j’ai de le palper bêtement pour être certaine que je ne deviens pas complètement dingue. Une brise légère vient balayer mes cheveux en arrière. Tout ça a l’air bien réel. Beaucoup trop réel. La peur commence à refaire surface. S’il est revenu alors il peut aussi repartir. Et ça je ne le supporterais pas.  Sans prévenir ma main vient gifler la joue du jeune homme.  « Il t’aura fallu tout ce temps et que tu partes à l’autre bout du monde pour comprendre putain ? »  Cette impulsivité c’est plus fort que moi. Je ne m’attendais pas à une telle annonce. Vraiment pas. Je suis perdue. Totalement. « Qu'est-ce qui me dit que tu ne vas pas encore changer d’avis ? » Saphyr qui n'a pas bronché à la baffe que je lui ai mise plante son regard dans le mien. « Je t'aime trop pour te laisser de nouveau... Pour toujours et a jamais… Tu t’souviens? » Evidemment que je me souvenais. Comment oublier...

Cet après-midi là je suis partie sans lui faire aucune promesse. J’étais terrifiée. Mais bien vite nous sommes revenus l’un vers l’autre. Nous n’avons jamais pu nous passer l’un de l’autre. Et notre histoire a pris un nouveau départ.
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Staff ♦ Lécheuse d'oreilles pro

Zoey C. Beckett

Zoey C. Beckett

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♦ Statut : Éperdument amoureuse de Saphyr, mon point de repère dans ce monde éblouissant.
♦ Profession : Danseuse, barmaid et comédienne
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MessageSujet: Re: Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey   Emmène-moi revoir une dernière fois ces endroits qui faisaient taire le vacarme de mes idées noires ** Zoey EmptyLun 12 Oct - 17:35

Once Upon a Time...


Des tourments qui prennent jamais fin. Devenir cinglé j'en suis pas loin...


Octobre 2013

LAS VEGAS. Ville de lumières, ville de rêve mais surtout ville de toutes les tentations. L’endroit parfait pour un week-end avec le meilleur, mon acolyte de toujours j’ai nommé Logan. Il est minuit, nous sommes sacrément bourrés et un peu défoncés quand un vigile nous met à la porte de l’un des plus grands casinos. Dans un sourire complice nous nous redressons après avoir été jetés comme des malpropres. « Vises un peu ce que j’ai réussi à chourer » rigole mon ami avant d’ouvrir la main sous mes yeux. Des dés. Je les lui prends pour les inspecter de plus près. « Tu crois qu’on pourrait trouver un jeu sympa à faire avec ça ? » C’est vrai que j’en ai un peu marre des machines à sous et puis vu le bordel qu’on fout partout où l’on passe à cette allure nous n’aurons plus le droit d’accéder nulle part. Mon visage s’illumine. « Un jour dans un film j’ai vu un gars qui se laissait dicter sa vie par la chance. Il prenait un bloc note, notait dessus des trucs qu’il pourrait réaliser et après le dé choisissait pour lui. On pourrait faire la liste de tout ce qui pourrait être marrant à faire ici ! » Logan est suspendu à mes lèvres et lorsque j’ai terminé il est tout excité. « Zoey Beckett tu es mon idole ! »

[...] Cinq. Se marier. Voilà ce qu’a décidé le hasard pour nous. Quand j’ai lu le papier juste après Logan, j’ai eu la même réaction que lui, j’ai éclaté de rire. J’étais tellement mal en point que j’en ai basculé en arrière et me suis cognée contre l’un des meubles. « Malheureuse ! Ne t’assomme pas maintenant. Il faut être en état de tenir debout pour que tu puisses devenir Mme Huxley ! » Zoey Huxley ! ça sonne super moche quand même ! C’est la seule réflexion que j’ai réussi à me faire sur le moment. « En avant mademoiselle ! » Logan se penche pour me porter sur son dos et nous manquons de nous étaler lamentablement. Pourtant par je ne sais quel miracle  nous parvenons jusqu’à la première chapelle que nous croisons non sans être passés auparavant par la boutique souvenir acheter une bague. En plastique. Fluorescente s’il vous plaît ! Je sais pas pourquoi sur le coup ça nous a fait mourir de rire. Tout comme quand nous nous sommes dit oui devant Marilyn Monroe. Pas un seul instant j’ai réalisé que c’était pour de vrai, pas un seul instant je me suis demandé si je n’étais pas en train de commettre l’une des plus grandes erreurs de toute ma vie. Non ça je ne l’ai réalisé que le lendemain… quand je me suis réveillée avec la gueule de bois.

La confrontation avec Saphyr a été tout simplement atroce. J'avais sacrément merdé cette fois. Il était furieux et franchement il y avait de quoi. Le mariage avait toujours eu une signification pour lui. Plusieurs fois il m'avait demandé si un jour je souhaiterais m'unir à lui et je lui répondais par la négative à tous les coups. Pourtant ce week-end là je suis rentrée mariée à un autre. Une fois à San Fransisco Logan et moi nous sommes occupés très vite de contacter un avocat pour l'annulation. La procédure n'a pas duré très longtemps. En revanche pour regagner la confiance de l'homme que j'aimais ça a été tout un combat. Mais je n'ai pas baissé les bras. Parce que pour lui j'étais prête à tout. Parce que je l'aimais.

3 Décembre 2013

« Excusez-moi une minute. » Je soupire. La matinée a été longue. J’étais à l’hôpital pour ma visite de routine. Question de savoir si mon cœur tient le coup je viens régulièrement passer une batterie de tests. Seulement je poireaute toujours pendant des heures. Je n’aurais peut-être pas dû dire que j’avais mal au ventre ces derniers temps. Comme ça nous n’aurions pas eu à faire cette écho et j’aurais pu rentrer chez moi. Je fixe intensément le plafond en attendant le retour de l’infirmière. Quand je la vois réapparaître avec Saphyr qui patientait dans le hall le temps que je termine mes consultations je fronce les sourcils. « J’ai pensé que votre compagnon devrait être là pour ce que j’ai à vous annoncer. » La situation devient un peu trop bizarre pour moi tout d’un coup et je fais signe à mon petit ami de me rejoindre. Je lui lance par la même occasion un regard interrogateur mais il a l’air aussi perdu que moi. « Vous êtes enceinte mademoiselle. » Un silence plane suite à cette révélation et alors j’éclate de rire. « C’est tout bonnement impossible. J’ai eu mes règles il y a à peine une semaine et je prends la pilule. » Elle se fout de moi hein ? Tout ça c’est juste une bonne grosse blague ! Je déchante quand je découvre la mine déconfite de Saphyr. « Vous faîtes ce que l’on appelle un déni. C’est un phénomène qui consiste à nier que l’on attend un enfant, votre corps a comme qui dirait camouflé votre grossesse. Vous êtes en réalité enceinte d’environ… quatre petits mois je dirais d’après ce que j’ai pu observer. » J’écrase littéralement la main de Saphyr que je tiens dans la mienne avant de hurler « JE NE SUIS PAS ENCEINTE PUTAIN ! » Mine de rien ça défoule même si on me regarde bizarrement maintenant. Qu’est-ce que Saphyr attend lui pour réagir bon sang ? Perdu il pose juste une main dans mon dos pour essayer de m’apaiser. « Si vous le souhaitez j’ai devant moi des images de votre bébé. A ce stade je peux même vous annoncer le sexe. » QUOI ?! Parce qu’en plus le foetus a déjà assez grossi pour qu’on sache ça ?! Tout va beaucoup trop vite pour moi là ! Devant mon mutisme Saphyr donne son accord et j’apprends qu’une petite fille est en train de grandir à l’intérieur de moi. Complètement abasourdie je ne participe plus à la suite de la conversation. J’entends pourtant à demi-mots celle-ci et blêmis lorsque la jeune-femme annonce qu’il est trop tard pour envisager l’avortement. S’en est trop pour moi. Brusquement je me redresse, marche jusqu’à ce que j’ai la main sur la poignée, m’excuse vaguement puis quitte la pièce.
Une fois dehors je respire profondément et m’appuie contre le mur près de l’entrée. Il ne se passe pas cinq minutes avant que mon petit ami ne me rejoigne. « Comment est-ce qu’on a pu se rendre compte de rien ? » je lui demande dans un soupir. ça me sidère encore. « Je n’en veux pas. » j’annonce très clairement en le fixant. « Je veux me débarrasser de cet enfant. » Me débarrasser. J’ai conscience d’employer un terme plutôt violent et pourtant j’ai mesuré mes paroles. Car pour moi ce n’est pas un enfant qui est en train de grandir dans mon ventre. C’est un monstre qui me rend prisonnière de mon propre corps.  « On peut pas se débarrasser comme ça d'un bébé. C'est pas un animal, ou une chose dont on peut se permettre ça... C'est pas comme ça que ça se passe. »  Je m’attendais à une telle réponse. « Tu connais mon avis sur les enfants et sur le fait d'être parent. Alors je ferais un mauvais père de ne pas essayer de te convaincre au moins une fois de le garder. Après tout, c'est une partie de nous deux, de notre amour. » Après avoir eu l’air agacé par mes propos Saphyr sourit attendri. Il a toujours rêvé de fonder une famille. Pas moi. « Tu connais mon avis aussi ! On pourrait réfléchir à une adoption... Ce que j'ai dans mon ventre ce n'est pas le fruit de notre amour pour moi sinon il ne se serait pas caché comme ça pendant quatre mois, il ne nous ferait pas autant de mal en cet instant ! » J’essaie de me calmer mais j’en suis tout simplement incapable. Saphyr lui a l’air désolé. J’ai peur de ce que nous réserve l’avenir. Timidement je lui fait face pour prendre sa main. « Quoi qu’il arrive, quelle que soit la décision qu’on prendra, je t’aime Saphyr et je veux qu’on continue à être aussi soudés qu’on l’est d’habitude. Je vais avoir besoin de toi et de tout le soutien que tu seras capable de m’apporter. Encore plus que d’avant… » Je tremble malgré moi et me resserre contre lui. « Ne me laisses surtout pas tomber en cours de route parce que je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie. »  Attentivement je guette sa réaction et elle ne se fait pas attendre tandis qu’il prend mon visage entre ses mains. « Je serais toujours là à tes cotés, pour te guider dans tes démarches et pour te soutenir quand tu te sentiras fragile. Je veux te protéger de tout, et tout le monde, Zoey. On y arrivera ensemble, tous les deux. Parce que nous deux on est plus fort que tout, et plus fort que cette épreuve. Je te demande juste de bien réfléchir avant de prendre une décision trop rapidement. Je serais là, et je vais encore moins te laisser tomber en cours de route, tu comprends ? Il en faut plus pour me faire partir. » Dans un hochement de tête je promets de ne pas me précipiter avant de me mordre la lèvre, anxieuse. A contrecœur je me détache de lui mais je savais que ce n’était que pour mieux le retrouver une fois chez nous. J’avais hâte de me reposer dans ses bras. Près de lui tout irait bien. Il le fallait.

06 Février 2014

Au beau milieu des escaliers je marque une pause pour reprendre mon souffle, les bras chargés de courses. Il n’aura pas fallu plus de quelques jours une fois que le déni a été levé pour que je grossisse à vue d’œil. La transformation physique a été impressionnante. Les choses ont évoluées également quant à mon acceptation de cette grossesse. Elena, une amie que nous avons en commun Saphyr et moi et qui est maman de deux enfants, m’a beaucoup conseillée. Grâce à elle et surtout à l’homme avec lequel je partage mon quotidien j’ai enfin admis qu’une petite fille grandissait à l’intérieur de moi. Pour les fêtes de Noel j’ai laissé Saphyr toucher à mon ventre pour la première fois. Avant ça je faisais un blocage. Le bonheur que j’ai pu lire dans ses yeux était indescriptible. Ça m’a fait un bien fou de la voir rayonner autant. Car depuis l’annonce de ma grossesse l’ambiance est plutôt tendue à la maison. Je voulais prendre tout mon temps pour savoir quoi faire et prendre la bonne décision pour le bébé seulement Saphyr avait beaucoup de mal à supporter mon indécision. Si ça ne tenait qu’à lui il aurait déjà commencé à préparer la chambre de la petite. Il lui a d’ailleurs acheté un doudou qui a été le sujet de notre plus grande dispute. En réalité j’avais surtout peur que le jeune-homme s’attache trop si l’on décidait de faire adopter la petite. Il a été formidable pourtant, chaque jour il est là pour me rassurer pendant que je continue de douter. Surtout qu’il avait beaucoup de choses à penser ces temps-ci car il venait tout juste de lancer son propre bar, le Vilkas, dont il était le propriétaire. Il est donc rarement à la maison. Mais ce temps libre je le mets à profit pour essayer de me donner à fond dans ma dernière année d’étude avant de plus pouvoir être en état de me rendre à la fac. Et à essayer de me projeter dans l’avenir. Un peu plus chaque jour je fais des efforts qui commencent à payer.

Quand je passe la porte de l’appartement je suis étonnée de retrouver Saphyr attablé à la table de la cuisine. « T’es encore là ? Si j’avais su je t’aurais fait sonner pour que tu viennes m’aider à porter tout ça. » A ma remarque il grommelle. Ce matin déjà il était de mauvaise humeur. Sous ses yeux je commence à ranger les quelques courses que j’avais faites. « Qu’est-ce que tu es en train de faire ? » je lui demande. « J'ai besoin de toi pour les questions. » Les questions ? Enfin je porte un peu plus attention à lui et découvre qu’il est penché au-dessus d’une pile de paperasse.  « Etant donné que tu ne te décides pas, j'ai pris les devants. Tu accouches bientôt et il serait temps que l'on remplisse les papiers. Et qu'on rencontre les futurs parents du bébé. » Effectivement il avait récupéré un dossier auprès d’une agence d’adoption il y a quelques semaines. Au cas où…  « Tu les vois comment les futurs parents ? T'aimerais qu'ils soient comment ? » Mal à l’aise je m’accoude au comptoir pour le regarder. « Tu veux vraiment faire ça là maintenant ? » A son expression plutôt contrariée je dirais que oui. Alors je réfléchis tout en m’activant à remplir les placards. « S’ils avaient une situation confortable ça serait pas mal. Un bon salaire, une maison assez grande. En banlieue et avec un grand jardin aussi. Un peu comme celle que tu avais imaginée la fois où on avait parlé d’en acheter une il y a quelques mois. Et heu… » Je marque une courte pause. « Ensuite je ne serais pas bien compliquée. Ce qui compte avant tout pour moi c’est que la petite soit confiée à un couple qui s’aime vraiment quoi qu’il arrive. Prêt à tout l’un pour l’autre et pour elle aussi. Qu’ils soient sûrs d’eux et de ce qu’ils veulent aussi. » Je jette un nouveau coup d’œil à Saphyr avant de détourner le regard, gênée. Parce qu’au fur et à mesure de mes paroles je n’ai pas pu m’empêcher de nous identifier dans ce rôle. Ce qui n’échappe pas non plus au jeune-homme. « Donc en fait, tu aimerais une famille un peu comme nous quoi. C'est vrai, c'est pas comme si on a une situation confortable, c'est pas comme si papa et maman ne sont pas propriétaire d'un bar qui a l'air de bien fonctionné. C'est pas comme si aussi on comptait avoir une maison d'ici quelques années, non. » Il pose son stylo, agacé. Je vois bien qu’il est sur le point d’exploser mais je ne sais tout simplement pas comment réagir à sa remarque. « En gros, tu veux des gens comme nous mais qui ne sont pas nous. Juste peut-être plus vieux, parce qu'à vingt-deux et vingt-quatre ans on est encore trop jeune pour avoir un bébé. Ce que je comprend. Et puis papa est un drogué invétéré qui n'est même pas capable de tenir un an sans toucher à la drogue, alors qu'est-ce que ça sera pour les dix-huit prochaines années c'est ça ? » Une fois que j’ai terminé de tout déballer, je replie les sacs pour les poser dans un coin et me retourne pour l’interrompre. « Je n’ai jamais dit ni pensé ça de toi.» Sauf que Saphyr ne m’écoute pas. « Et puis, maman a encore ses études c'est vrai. Mais là dessus papa ne dira pas le contraire parce que papa fera tout ce qu'il peut pour combler maman, et l'aider à avancer au mieux ! Donc tu sais quoi ? Je vais écrire tout ça dans les papiers, comme ça on tombera sur nos semblables qui eux, pourront éduquer NOTRE enfant. Parce que crois pas, c'est pas parce que tu t'en débarrasse qu'elle ne sera plus ta fille. Tu la croiseras en ville tu sais ? Quand tu verras ses grands yeux bleus, ou qu'elle aura mon sourire. Et là, tu comprendras que cette magnifique petite fille c'est la tienne. C'est notre sang Zoey. Et le jour où elle a besoin d'une greffe de moelle osseuse ou je sais pas quoi, c'est à nous qu'on demandera parce que nous sommes ses parents biologiques, et ça fera encore plus mal ! »  Les larmes me montent aux yeux en même temps que j’aperçois que ceux de Saphyr sont humides. « T’essaies de faire quoi là ? De me faire culpabiliser ? T’as pas le droit de m’amadouer en parlant de son sourire. Je sais déjà pertinemment qu’elle en aura un aussi magnifique que le tien ! » Finalement je le rejoins et à mon tour je me mets à parler plus vivement. « Tu en baves ces derniers temps ok, je t’en demande beaucoup c’est vrai aussi mais ne me parles pas comme ça ! Moi aussi je peux crier tu vois. Plutôt que de réagir comme ça tu ferais mieux de réfléchir. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi je n’ai pas ressorti ces putains de papiers ? Pourquoi je repousse toujours l’échéance ? Pas une seconde t’as pu penser que tous ces efforts que j’essaie de faire depuis des semaines commencent à payer ? Tu veux savoir la vérité ? Je m’attache de plus en plus à elle. A notre petite fille. Je l’aime, j’ai envie de la protéger et de la serrer dans mes bras. Et non seulement ça me fout une trouille bleue Saphyr mais en plus oui je culpabilise d'avoir dit et pensé toutes ces horreurs sur elle ! »  A peine ai-je prononcé cette dernière phrase que je me mets à trembler. Je suis vidée d’avoir dit ce que j’avais sur le cœur et pour tout avouer je suis toute aussi étonnée que mon petit-ami par les mots qui ont franchi mes lèvres. Cela faisait beaucoup trop longtemps que je me voilais la face mais je les savais sincères. C’était comme si j’avais été une lionne qui essayait de protéger sa progéniture.  Mes yeux se posent sur la main de Saphyr qui s’empare de la mienne en douceur. « Tu... Notre petite fille… »  Il s’agenouille ensuite à mes pieds pour embrasser mon ventre et je m’apaise à ce geste. Mes paupières se ferment une seconde et une vague de bien-être m’envahit. J’étais totalement à l’aise et surtout je me sentais enfin à ma place. J’allais être maman. Et j’étais prête pour cette nouvelle expérience. « Oui… Je veux garder notre enfant. »


17 Avril 2014

Lamentablement je m’affale sur le canapé et j’allume la télé, question d’avoir une présence avec moi. Saphyr bosse. J’aimerais qu’il soit là plus souvent mais je ne pouvais quand même pas le kidnapper. Il m’a promis qu’il prendrait un congé paternité à la naissance de la petite par contre. Je suis en train de râler après un film quand une douleur me surprend. Ou devrais-je dire une contraction. Je me redresse en respirant plus fort. Ok Zoey pas de panique. On te l’a dit, c’est tout à fait normal le dernier mois avant le terme et ça ne veut pas forcément dire que ton bébé va arriver là dans la minute qui suit. Alors je décide d’attendre voir si la chose se reproduit. Après un quart d’heure je grimace à nouveau. Putain de bordel de merde ! Celle-là était beaucoup plus forte. J’essaie alors de me souvenir ce qu’on m’a appris à ce fichu cours de préparation à l’accouchement. Si j’ai des contractions toutes les cinq minutes il est temps d’aller à la maternité. Il me semble que c’est ça. Je sais plus ! Mon bébé n’est pas arrivé que je suis déjà une mère indigne !
Heureusement mère nature met fin à mes réflexions quand je sens un liquide couler entre mes jambes. Comme je ne suis pas encore complètement incontinente je comprends bien vite que je suis en train de perdre les eaux. Et ça c’est le signal ! J’attrape mon téléphone pour appeler le Vilkas et tombe sur Lumen, une collègue. D’une voix qui se veut à peu près calme je lui demande de me passer Saphyr. « Il est occupé, il peut te rappeler ? » BIEN SUR QUE NON JE SUIS EN TRAIN D’ACCOUCHER BORDEL ! « Dis-lui que d’ici la fin de son service il devrait être papa. Alors si il a une minute pour passer à l’hôpital ça serait sympa » je réponds simplement d’un air narquois. Il faut pas m’en vouloir c’est le stress qui parle d’accord ? D’ailleurs quand je raccroche je réalise que je n’ai pas clairement expliqué que je partais dès maintenant pour la maternité. J’espère que la jeune-femme aura compris pour transmettre le message. Rapidement je me change tout en me demandant si je prends le risque de conduire quand une nouvelle contraction survient à me plier en deux. Ok ça va je ne conduirais pas j’ai compris ! Comme je ne veux pas alerter mon père et encore moins ma mère, comme nous avions décidé avec Saphyr je décide d’appeler les pompiers. Ça m’embête de devoir le trajet avec eux mais tant pis.

Une demi-heure plus tard j’étais déjà arrivée. Et là commence la galère. D’abord il a fallu que je m’enregistre à l’accueil. C’est là que la réceptionniste m’a regardée en haussant les sourcils pour me lancer « mais vous étiez prévue seulement pour le 8 mai. » Sans blague ! C’est qu’elle est perspicace ! Mais tu vois c’est pas moi qui choisit hein. On m’installe ensuite dans une chambre pour m’examiner. Mon col n’est pas encore assez dilaté pour m’envoyer au bloc. Je dois donc attendre… toute seule. C’est à ce moment-là que je commence à paniquer. Et à avoir très très mal aussi. Finalement à la maison, les contractions c’était une balade de santé comparé à ce que je subis là maintenant. Oui oui que je subis. Je vais mourir je crois. Quand on m’annonce qu’on peut enfin poser la péridurale je suis soulagée. Du moins… jusqu’à ce que je vois l’aiguille. ILS SONT SERIEUX ?! On m’avait dit que c’était impressionnant mais là… Je retire ce que j’ai dit ces derniers jours je veux plus accoucher ! Finalement elle est très bien dans mon ventre après-tout non ? Non ? Dommage. Je serre les dents et me retiens de pleurer comme une gamine de cinq ans. Ou de crier après tout le personnel de l’hôpital. Qu’ils me laissent tranquille je veux plus. Je fais la grève voilà ! De toute façon je refuse de pousser tant que Saphyr n’est pas là ! « Est-ce que quelqu’un a vu mon petit ami ?! » On me regarde avant de secouer la tête. Ils ont de la chance que je sois clouée à mon lit c’est moi qui vous le dit.
Je profite d’un court moment de répit avant que les contractions ne s’intensifient. Pour être plus à l’aise je respire comme on me l’a appris. Mon cœur loupe un battement quand on m’annonce que j’en suis à 10 centimètres. « Il va falloir commencer à pousser d’ici cinq minutes madame. » Déjà ?! Mais je croyais que ça prenait des heures un accouchement ! Non non non non ! Je peux pas pousser maintenant Saphyr n’est pas là et je suis morte de peur. Cette fois je me mets vraiment à pleurer. Quand la porte s’ouvre enfin et que j’aperçois l’homme que j’aime je lui crie littéralement dessus. « Qu’est-ce que tu foutais bordel !? » J’espère qu’il a une bonne excuse ! « Oh mon coeur. Pardonnes moi. J'aurais dû rester là. Respires. Tout va bien se passer... » Oui je respire. Enfin j’essaie du moins. « C’était horrible sans toi. Ne me laisse pas s’il te plaît. » Ses gestes tendres me rassurent un peu mais ne calme malheureusement pas la douleur. « J’ai littéralement l’impression qu’on me déchire l’utérus ! » Si ça c’est pas une belle image ! Saphyr grimace rien qu’à imaginer. Heureusement je suis soulagée par la péridurale. « T’as pas intérêt à tomber dans les pommes je te préviens » je menace le jeune-homme. Mais je suis interrompue par la sage-femme. « C’est le moment ! » D’accord. Je suis prête. Enfin je crois. J’écrase la main de Saphyr dans la mienne avant de pousser de toutes mes forces. Une première fois puis une deuxième dans un hurlement déchirant. J’entends les encouragements de mon petit ami sans vraiment les écouter tellement je suis rapidement épuisée. Je me contente de m’exécuter quand on me dit de forcer car je suis incapable de réfléchir par moi-même. Comment une femme peut-elle dire que le jour de la naissance de son enfant est le plus beau jour de sa vie ? Je comprends pas. Au bout de vingt minutes je regarde désespérément Saphyr. « Je vais pas y arriver, s’il te plaît fais quelque chose. Fais la sortir toi ! » Mon cœur s’emballe plus que d’habitude. J’ai l’impression d’être au bout de mes forces. J’ai envie de tout laisser tomber mais le temps m’est compté. Avec mes problèmes cardiaques je dois expulser le bébé au plus vite ou je risque de me mettre en danger.  Saphyr me cache d’ailleurs son air inquiet je le vois bien. « La tête est sortie, encore un petit effort. » Elle est marrante la dame dis donc ! Mais je prends une profonde inspiration, reprend mes esprits pour pousser à nouveau.  …

[...] Ce n’est que lorsque j’entends des pleurs et le ton enjoué de Saphyr que je réalise enfin que c’est fini. « Tu as réussi mon coeur. Elle est magnifique. » Je ne sais comment mais je trouve la force de sourire et ferme les yeux tandis que Saphyr dépose un baiser sur mon front. « J’ai pas réussi. On a réussi » Parce qu’il a juste été extraordinaire lui aussi. Et il ne m’a pas lâché d’une semelle. Puis on dépose mon bébé contre moi et là… c’est trop d’émotion. Je suis maman. Pour de bon cette fois. « Bonjour ma puce » je murmure en caressant la main de ma petite fille. Elle a l’air si fragile mais elle est juste sublime. Quand elle ouvre les yeux je manque de fondre en larmes à nouveau. m Le bonheur que je suis en train de vivre est juste indescriptible. Je regarde à nouveau Saphyr avant de balbutier « on est parents. » De le dire à voix haute rend la chose plus réelle. « Je t’aime tellement. » « Je t'aime aussi. » Quand on me retire ma fille pour s’occuper d’elle je grimace. J’aurais voulu la garder encore dans mes bras et bien que je sache que j’aurais tout le temps de profiter d’elle plus tard, j’ai déjà du mal à me séparer d’elle. Tout aussi inquiet Saphyr ne quitte pas les infirmières des yeux. « Vous savez déjà quel prénom vous allez donner à ce petit ange ? » « Emily. Emily Alexys Vilkas »  je réponds fièrement. Notre plus belle réussite.


Nuit du 19 au 20 Avril  2014

« Est-ce que tu as vu Lily ? » me demande Saphyr alors qu’il se lève pour chercher le doudou de notre fille. « Juste là sous tes fesses » je ris en lui désignant la peluche du doigt sur le fauteuil où il était assis il y a quelques secondes. Il se penche pour le ramasser, Emily dans ses bras et pose son index sur ses lèvres pour me faire signe de me calmer. « Elle s’est endormie je crois » il murmure dans un sourire avant de s’installer à nouveau. La petite contre lui, je les regarde fixement, attendrie. Jamais je ne me lasserais de cette image. Ils sont tellement beaux tous les deux. Ce petit rayon de soleil a juste illuminé nos vies. Tout le monde est tombé sous son charme. Ma mère la première mais aussi Ethan, mon père qui pourtant était si sceptique au sujet de ma grossesse au début, et nos amis. Je me redresse et finis par les rejoindre pour me poser sur l’accoudoir. « Tu devrais te reposer » me conseille Saphyr. Il est vrai que dès que je le peux j’essaie de reprendre des forces. L’accouchement m’avait épuisée à cause de mes problèmes cardiaques et Emily se réveille plusieurs fois par nuit alors dès que j’ai un moment je somnole. Seulement ce soir je suis bien là avec eux. « ça ira ne t’en fais pas » je le rassure d’un baiser avant de caresser les cheveux de ma fille par-dessus son épaule. « Elle est toute froide, essaies de la resserrer un peu plus sous sa couverture. » C’est étrange elle est pourtant bien emmitouflée. Saphyr s’exécute facilement, ces gestes lui sont de plus en plus familiers, mais Emily n’a aucune réaction. « Elle ne bouge pas d’un cil c’est normal ? Redresses la un peu pour voir ? » Toujours rien.  « J’appelle les infirmières » Ce n’est peut-être rien mais je préfère en avoir le cœur net. Inquiète j’appuie sur le bouton d’urgence. Saphyr berce doucement  la petite en attendant. « Ce n’est rien, elle dort juste profondément. » Il la secoue un peu. « Emily ? Réveilles toi ma princesse. » Enfin deux infirmières font leur entrée et je leur explique simplement « il se passe quelque chose d’anormal. » Doucement je pose la main sur l’épaule de Saphyr pour qu’il leur confie Emily. Malgré sa réticence je l’encourage d’un hochement de tête. Rapidement elles auscultent Emily avant de biper un médecin. Celui-ci fait à peine attention à nous et alors que tout était si calme il y a moins de cinq minutes tout le monde s’agite autour de nous en parlant à voix basse. Je n’entends absolument rien de ce qui se dit mais je n’aime pas tout ce matériel auquel ils ont recours. Emily est si minuscule après tout et ces engins impressionnants …Ma main vient chercher celle de Saphyr pour la serrer quand je reconnais une table de réanimation. Mon cœur s’emballe et je commence à paniquer sérieusement. « Dites nous que tout va bien je vous en prie » je supplie. Le pédiatre finit par relever les yeux après une attente qui nous semble interminable pour secouer la tête. « Je suis désolé » il annonce. « Non… Non. Elle allait bien ! Elle va se réveiller ! ELLE VA SE RÉVEILLER !! » s’emballe Saphyr à mes cotés. Je sursaute malgré moi. « Qu’est-ce qu’il lui ait arrivé ? » je trouve la force de demander. Seulement on est incapable de nous répondre. Il allait falloir qu’Emily passe des tests pour en savoir plus. C’est du moins ce qu’on nous explique plus en détail seulement je n’écoute plus alors que mon regard se pose sur le berceau de ma fille. Saphyr caresse ses cheveux tendrement et je l’imite. « Et moi je vous ai dit qu’elle allait se réveiller » il menace un peu plus fort ce qui me ramène à nouveau parmi eux. « Vous pouvez nous laisser seuls un moment ? » Toute l’équipe médicale se retire compréhensive. « Seulement cinq minutes. » Je hoche la tête ne quittant pas Saphyr des yeux tandis qu’il prend Emily contre lui. Tremblante je finis par m’assoir. « Mon ange… » je chuchote en l’invitant à venir près de moi. Totalement perdu il m’écoute et je viens le prendre dans mes bras, Emily entre nous. Je prends garde à pas les oppresser mais m’agrippe à eux. « C’est fini. » Mes yeux embués croisent ceux de Saphyr et je ne peux retenir mes larmes plus longtemps. Il a l’air tout aussi désemparé. « Tout est terminé… » La douleur au fond de ma poitrine est insupportable. « Je vous aime tellement. » Pourquoi elle ? Elle ne méritait pas ça. Une si innocente petite fille. Nous nous étions tellement battus pour elle. « Je suis désolé.. Je suis tellement désolé mon bébé… »

Je ne sais combien de temps nous restons là dans les bras l’un de l’autre à pleurer totalement démunis mais le médecin finit pas revenir. Je l’aperçois du coin de l’œil. « Il faut que tu lui dises un dernier au revoir mon coeur… » je murmure à l’intention de Saphyr, observant Emily. Mais le jeune-homme se braque et resserre la petite plus fort contre lui. « Barrez-vous ! Laissez-nous tranquille. » « S’il te plaît… » « CASSEZ VOUS ! » Il descend du lit pour s’appuyer contre le mur dans un cri déchirant. « Tout va bien se passer mon coeur. Papa est là » je l’entends murmurer à l’intention de notre bébé. Impuissante et sous le choc devant la scène je ne parviens tout simplement pas à bouger. « Appelez sa marraine. Faîtes la venir. » On se retourne vers moi pour que j’approuve et je hoche la tête. Elena arriverait à la raisonner elle. Je ne serais pas capable de supporter que quelqu’un use de la forcer pour le convaincre.
C’est dans un silence déchirant que nous avons patienté. Sans un mot je suis venue me blottir contre ma petite famille par terre. Elena nous a trouvé là, recroquevillés. Elle s’est accroupie près de nous et s’est adressée à Saphyr d’une voix pleine d’assurance, comme toujours. Il ne lui a pas fallu bien longtemps pour le persuader de lui donner Emily. Chacun notre tour nous avons embrassé le front de notre fille, le cœur serré en nous attardant quelques secondes avant qu’il ne tende son petit corps à son amie. Nous l’avons regardé s’éloigner. « Tu as voulu leur donner Emily » me lance Saphyr d’un ton plein de reproches. Je me mords la lèvre et prends son visage entre mes mains. « On ne pouvait plus rien faire mon ange… » Et alors il fond en larmes.  « Elle est partie. » Je me laisse aller contre lui à mon tour. « Oui elle est partie » je confirme la gorge nouée. « Mais je suis là. Pour toujours et à jamais. »

Fin Avril 2014

Astor,

Je suis complètement perdue. C’était l’enterrement aujourd’hui. Une véritable torture. Si j’ai trouvé la force de m’y rendre c’est uniquement pour elle. Pour lui dire au revoir. Tous nos proches étaient là mais au fond je n’avais pas envie de les voir. J’aurais voulu que Saphyr et moi soyons seuls avec elle. Personne ne peut comprendre notre détresse. Et de voir leurs visages aussi tristes… c’était encore pire. Je n’ai pas versé une larme. Pas devant eux, j’en étais incapable. J’ai attendu d’être rentrée à la maison pour m’effondrer. Saphyr ne m’a pas lâchée pendant la cérémonie. J’ai serré sa main si fort qu’elle devait être toute engourdie. Cette journée va me hanter toute ma vie. L’expression qu’elle avait aussi. Inanimée. Sans vie. A chaque fois que je ferme les yeux j’ai cette image en tête et j’entends cette comptine que Saphyr et moi avions inventée pour la bercer. Je n’arrive plus à dormir. Jamais je ne pourrais plus fermer l’œil paisiblement je crois. La douleur est indescriptible. Si intense, qu’importe ce qu’il se passe autour de moi. J’ai l’impression qu’on m’a littéralement arraché le cœur. Une partie de moi s’est envolée avec elle. Je ne souhaite à personne de vivre ça un jour. Pas même aux pires ordures qui sont sur cette terre.

Je ne sais pas comment je vais me relever. Comment on va continuer à vivre. Je t’écris alors que Saphyr est sorti. Je m’inquiète pour lui, j’ai peur qu’il ne soit je ne sais où complètement bourré. J’ai tellement besoin de lui. Il n’y a qu’avec lui que j’ai la force de me lâcher ou ne serait-ce que de décrocher quelques mots. Les autres ne comprennent pas alors à quoi bon ? Je préfère m’enfermer dans mon silence. C’est tellement dur. Elle me manque déjà terriblement. Comme tu le sais je ne crois pas en Dieu ni vraiment en quoi que ce soit mais ce soir je me dis que peut-être vous êtes toutes les deux réunies quelque part. Alors si c’est le cas, s’il te plaît veilles bien sur Emily. Dis lui que je suis désolée et que je l’aime plus que tout au monde. Toi aussi je t’aime Astor.

Zoey.


○○○

Ethan me serre contre lui dans un dernier au revoir et je lui adresse un petit sourire triste avant de quitter son appartement. De le voir m’a fait du bien mais je me sens toujours aussi vide à l’intérieur. Rapidement je descends les escaliers et me glisse au volant de ma voiture avant de jeter un œil à mon téléphone. J’ai un message vocal. D’Elena. Etrange, ce n’est pas dans ses habitudes de m’appeler. J’ai comme un mauvais pressentiment. « Zoey, je suis sur la route de l'hôpital avec Saphyr. Il a fait une connerie. Rejoins nous dès que tu as ce message, s'il te plait. Je serais là. » Rien de plus. Je m’empresse de démarrer et ne tarde pas à débarquer à l’endroit indiqué par la jeune-femme. Dans le hall elle est là, un peu chamboulée pour m’expliquer la situation. Saphyr a essayé de mettre fin à ses jours. Je me sens blêmir à cette révélation. Il avait pas le droit de m’abandonner. Il n’avait tout simplement pas le droit.
[...] « J'voulais mourir Zoey, je voulais mourir moi aussi... La rejoindre. » Tendrement je serre la main de Saphyr dans la mienne à son chevet. Sa voix est faible. « J’en peux tout simplement plus. » Je me mords la lèvre, angoissée. « Je suis là pour t’aider. Tu aurais dû te confier à moi. » Il secoue la tête doucement. « Je voulais pas que tu saches. Et j'ai pas très envie de parler… Rentres à la maison, je vais essayer de dormir. » Mon cœur se serre à l’idée qu’il ne veuille plus de moi à ses côtés. Mes yeux s’embuent mais je retiens mes larmes. Il n’a pas besoin de ça en plus de ce qu'il vient de subir… Alors j’acquiesce simplement. J'encaisse et je quitte sa chambre. Ou plutôt je capitule. Je n’ai pas la force de me battre pour lui. C’est trop dur.

○○○

Astor,

Je ne sais pas à qui me confier si ce n’est à toi. Mes lettres sont de plus en plus décousues je suis désolée. Il est parti Astor... Saphyr est parti pour la Lituanie. Nous avons rompu il y a à peine deux jours. Ou plutôt il m’a quitté. Il a dit que je l’étouffais. Je me suis accrochée à lui tellement fort que ça a fini par arriver. Ça m’apprendra à être aussi égoïste au fond. J’aurais dû mieux le soutenir, essayer de me relever pour lui, pour l’aider. Je sais qu’il ne va pas bien du tout. Et qu’il se croit en partie responsable de la mort d’Emily parce qu’il n’avait rien vu venir. Mon rôle, c’était de le rassurer et je n’y suis tout simplement pas arrivée. Je ne sais pas comment sans va être sans lui maintenant. Tant qu’il était à San Fransisco je continuais bêtement d’espérer qu’il reviendrait peut-être vers moi un jour mais il est à des milliers de kilomètres à présent. Et moi je suis seule ici… Il me manque et tu me manque aussi. Je t'aime.

Zoey.



Juin 2014

« Maman ? » je chuchote en cognant doucement contre la porte de sa chambre. Il est plus de quatorze heures et elle n’a toujours pas bougé du lit. Cela fait plusieurs jours que je vis de nouveau dans la maison de mon enfance. Le retour aux sources aurait pu être agréable si seulement ma mère avait été en meilleure santé. Elle est extrêmement fragile psychologiquement depuis des années. Suite à son divorce avec papa elle a souvent eu des hauts et des bas. J’étais toujours là pour la soutenir. Mais ces dernières semaines elle s’est enfoncée dans une dépression dont rien ne semble vouloir l’en sortir. A pas de loup j’entre finalement pour m’accroupir à son chevet. Elle est réveillée. « Tu n’avais pas des choses à faire aujourd’hui ? » Elle secoue la tête. « Je veux juste dormir » elle parvient à murmurer faiblement. « Et si on faisait un truc toutes les deux ? Un ciné peut-être. Ou on peut aller à la piscine comme au bon vieux temps. » Mais l’idée ne semble pas l’emballer. Rien ne l’intéresse plus. Et dire qu’il y a à peine quelques semaines elle tenait Emily contre elle le visage rayonnant. Jamais je ne l’avais vu aussi en forme que pendant les derniers instants de ma grossesse. Alors qu’elle semblait avoir trouvé une raison de se battre la mort de sa petite-fille l’avait terrassée elle aussi. Et voilà où nous en sommes aujourd’hui.

« Ethan … Tu dors ? » Je tourne la tête en direction du radio réveil un peu plus loin. 4h09. « Non. J’y arrive pas. » Moi non plus. Sagement couchée sous mes draps je fixe le dessous de sa mezzanine. Puis je finis par me lever et grimper à l’échelle pour le rejoindre. Je me glisse à ses côtés et grimace tandis que nous sommes un peu à l’étroit. « Tu te rappelles quand on se battait pour être celui qui dormirait dans le lit du haut ? » je souris tendrement. Il hoche la tête. « C’est toujours moi qui gagnait ! » Il triomphe fièrement en brandissant le poing en l’air. « T'avais plus de force que moi aussi ! Mais je suis sûre que je te bats toujours à la course. » Dans une ambiance bonne enfant nous commençons à échanger des souvenirs pour nous détendre. Hier j’ai appelé mon frère à l’aide. Il n’avait pas remis les pieds ici depuis qu’il s’était disputé avec nos parents en 2008. Quand je lui ai parlé de maman pourtant, de son état il a accepté de venir. Et ils se sont réconciliés tous les deux. Je crois qu’il est prêt à pardonner aujourd’hui. Même à papa. Mais nous avons grandi alors de revenir ici, ça nous fait un peu perdre nos repères. Surtout quand c’est pour prendre une décision comme celle que nous sommes sur le point de prendre. « T’as vu ? Elle m’a à peine reconnu tout à l’heure. » Je me mords la lèvre, gênée. « Je suis désolée... Mais tu sais que ce n’est pas contre toi… Elle est complètement déphasée. » « Tu es sûre que c’est une bonne idée de la faire interner dans un hôpital psychiatrique ? » « Au moins le temps de quelques semaines… Il faut être lucide. On est incapables de prendre soin d’elle. Là-bas ils pourront l’aider. » Il confirme d’un hochement de tête et je me serre dans ses bras. « Et Zoey ? Tu as des nouvelles de Saphyr ? » Mon cœur se serre. « Non. Aucune. »


Septembre 2014

Le rideau se baisse et j’entends alors un tonnerre d’applaudissements. Un sourire illumine mon visage ainsi que celui de mes collègues comédiens. C’était la première aujourd’hui et de voir nos spectateurs aussi ravis de notre prestation nous réchauffe le cœur. De monter sur scène m’a toujours procuré une montée d’adrénaline incroyable mais ce soir c’est mon soir. J’ai enfin terminé mes études avec brio malgré toutes les galères par lesquelles je suis passée cette année et mon talent m’a permis de décrocher le premier rôle d’une pièce de théâtre. Antigone, mon héroïne préférée, eh bien ce soir c’était moi. J’étais Antigone, j’étais une bonne actrice et on me fait un triomphe. Mes amis courent vers moi pour me serrer dans leur bras et ma main moite prend la leur pour aller saluer encore. L’espace d’un instant je me sens revivre.

« Tu veux boire quelque chose ? » En passant le seuil de mon appartement je jette mes clés sur le meuble de l’entrée avant de reporter mon attention sur mon invité. « Tu ne crois pas qu’on a assez picolé au bar ? » Je hausse les épaules. Peut-être mais une première aussi réussie ça se fête non ? Peter, mon partenaire sur scène, celui qui joue le rôle du fiancé d’Antigone, a été tout simplement adorable avec moi ce soir. Mais à mon goût il s’inquiète un peu trop pour moi. « Comme tu voudras. » Je quitte ma veste et me déchausse en titubant légèrement. « Mais moi j’ai soif. » Je me dirige donc en direction de la cuisine pour me servir un énième verre de whisky. Le jeune-homme ne tarde pas à me rejoindre pour me prendre par la taille derrière mon dos. « Tu étais tout simplement sublime sur scène. » Dans un frisson je me retourne pour lui faire face et sans réfléchir je m’empare avidement de ses lèvres. Mon corps se resserre contre le sien avec envie. Je m’assois sur le comptoir et lui fais une place entre mes jambes mais Peter me soulève pour me demander où se trouve la chambre. Je détache mes mains de son torse pour la lui indiquer d’un geste avant de parcourir à nouveau sa peau sous son t-shirt. Quelques secondes plus tard nous chavirons sur le lit, non sans manquer de nous écrouler par terre. Je roule de façon à me trouver à califourchon sur le jeune-homme quand il grimace. « Attends. Il y a quelque chose qui me gêne. » Dans un rire il se soulève légèrement pour tirer quelque chose de coincé derrière son dos. J’aperçois alors Lily entre ses doigts et me crispe. « Je ne pensais pas que tu étais le genre de nana à dormir avec une peluche » il me taquine. Mes joues deviennent rouges de colère instantanément et je me redresse brusquement. « Dégages ! » Peter me regarde hilare puis déchante quand il comprend que je suis sérieuse. « VAS T'EN. » A son tour il se lève mais pour m’approcher tandis que je recule contre le mur. « C’était juste une blague Zoey, je suis désolé si je t’ai vexée. » En réalité il m’a juste brisé le cœur en ravivant de vieux souvenirs qui ne demandaient qu’à ressurgir. « CASSES TOI JE TE DIS ! » Il ne peut pas comprendre et je n’ai d’ailleurs pas envie qu’il comprenne ni qu’il ne vole à mon secours. Alors je hurle et je frappe jusqu’à ce qu’il capitule, l’air contrit. Une fois qu’il a enfin quitté la pièce, non sans que je l’ai poussé dehors, je me laisse glisser le long de la porte pour fondre en larmes, Lily contre moi. Elle me manque tellement c’est atroce.

UNDERCO

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