En ce moment, les journées s’enchainaient et se ressemblaient. J’étais épuisé, tant physiquement que moralement. J’avais besoin d’air, d’air frais, j’avais besoin de respirer jusqu’à m’en percer un poumon … L’idée de savoir que je n’aurais pas de vacances avant cet été me déprimait plus qu’autre chose. Le 04 juillet, je fêterais mes 32 ans. Trente-deux. Le temps est passé tellement vite, surtout ces dernières années. Je n’aurais jamais cru que ma vise prendrait cette tournure-là, que je perdrais de vu mon meilleur ami, que j’aurais un petit garçon à 28 ans sans mère pour l’élever. Ma mère a souvent répété que les moments les plus durs font ressortir nos meilleures qualités. Je ne sais pas si c’est vraiment le cas, mais aujourd’hui, après de longues périodes noires, je commence enfin à voir la lumière au fond du tunnel. J’ai toujours été le genre de gars totalement insouciant et qui n’avait pas peur du lendemain. J’ai gardé cet état d’esprit pendant longtemps, je croquais la vie à pleine, je prenais les choses comme elles venaient, je ne me prenais absolument pas la tête. J’étais intelligent, marrant et très beau goss ; les filles n’ont pas besoin de plus, vous savez. Je n’ai même pas cherché à en profiter, les relations longues et sérieuses, ce n’était pas pour moi. Non, moi j’avais besoin d’un sourire pour qu’elles craquent et qu’elles finissent dans mon lit. Je ne l’ai jamais caché ; elles le savaient toutes, mais elles essayaient. Elles voulaient être plus qu’une aventure d’un soir, plus qu’une seule nuit. Mais ce n’était pas possible. « Le sérieux », pas mon truc. Je n’étais pas fait pour la responsabilité. D’ailleurs, c’est un sujet qui m’a valu de grandes disputes avec mon père. McGee senor que j’ai longtemps admiré, malgré son côté assez froid et distant. Il m’a pourtant servi de modèle et si j’ai voulu faire avocat, c’est avant tout parce qu’il était, qu’il avait réussis et qu’il était craint de tous.

Mon métier m’avait permis de pas mal voyager, de faire le tour des Etats-Unis, jusqu’à ce que je m’arrête à San Francisco. J’ai passé quelques années dans cette ville, j’ai rencontré énormément de monde, y compris Cherie, une jeune australienne dont je pensais être raide dingue amoureux. Je l’étais d’ailleurs. Pour une fois, j’étais réellement sous le charme, j’ai appris ce qu’était l’Amour avec un grand A, j’ai appris à ouvrir mon cœur. Nous sommes restés une année ensemble. Une longue année pleine d’amour, d’espoir et de bonheur. Ma façon de voir les choses avaient changé, évolué et je n’avais plus peur de m’engager à ses côtés. Nous étions jeunes, j’avais 27 ans et elle 25, mais plus le temps passait, et plus on n’arrivait plus à se voir l’un sans l’autre. Et puis un jour, elle a découvert qu’elle était enceinte. Un bébé. Un bébé garçon. Au début, j’avais carrément trop flippé et elle voulait être maman. Pourtant aujourd’hui, je m’occupe d’Alexander seul, sans nouvelles d’elle depuis 4 ans. Je vous raconterais ce chapitre une prochaine fois. De toute façon aujourd’hui, je ne pense plus à tout cela.

S’il y a bien une personne qui a été là depuis le début, depuis mon adolescence, bien que nous avions pris des chemins différents, nous nous sommes jamais perdus, nous nous sommes toujours retrouvés. Il s’agit bien évidemment de Frannie Hart, ma meilleure amie depuis toujours qui a d’abord été une amante, puis une amie, puis une meilleure amie, puis une voisine, puis tellement de choses. Aujourd’hui, c’est aussi ma coloc, mais elle est beaucoup plus que ça. Je pense qu’après Alexander, elle est celle qui compte le plus à mes yeux. Mais ça aussi, c’est un autre chapitre que je vous raconterais plus tard. Je devrais songer à écrire un livre un jour : les aventures de McGee avec un A. J’y réfléchirais. Pour le moment, je suis devant la porte de chez moi et il est grand temps que je rejoigne ma petite famille.

« Je suis rentré ! » Je dépose les clefs dans la petite boîte, enlève ma veste et me dirige vers le salon. La maison m’a l’air bien calme. Bien qu’il soit tout de même encore assez tôt, Frannie a peut-être réussis à les faire dormir tôt. Je ne m’attarde pas sur ce détail, une fois que j’aurais repris quelques grammes d’énergie, j’irais bercer Alexander et faire un bisou à Thaïs, mais pour le moment, j’ai besoin de m’asseoir. Avant d’atteindre le canapé, la porte de la cuisine s’ouvre. « Je pensais que tu n’allais jamais arriver ! » J’esquisse un sourire, prêt à répondre, mais je vous avoue que je suis coupé dans mon élan, lorsque je découvre la magnifique robe qu’elle porte. On ne va pas se mentir, Frannie est une jolie fille. Elle a tout pour elle, elle n’est juste pas tombée sur les personnes, un peu comme moi, il faut avouer. Là pour le coup, elle est juste splendide, vêtue d’une somptueuse robe. On vit ensemble depuis quelques mois déjà et vu notre relation, on n’est pas du genre à faire de chichis ; elle m’a déjà vu en caleçon un milliard de fois et je l’ai déjà vu en pyjama/cheveux attachés autant de fois. « Eh bien alors, on a un rencard ce soir Mlle Hart ? » Je la taquine, avec le clin d’œil qui va avec. Et qui va se retrouver à garder la maison ce soir ? C’est Thomaaaaas.

- Attends… J’avais dit oui pour les deux enfants. Pas pour les deux chats, le chien, le hamster et le… C’est un lama ?! Ton lama ? Je t’avais dit de t’en débarrasser ! FRANNIE !
Je lève les mains en signe d’apaisement et lance à mon père mon plus beau sourire, tandis que je vois ma mère pouffer de rire derrière. Ce qui a pour effet de distraire mon cher paternel.
- Oh ne rigole pas trop toi, parce que ta visite pour le café va se transformer en nuit complète, tu vas rester pour m’aider avec tout ce petit monde ! Ma mère s’arrête de rire, pour me fusiller du regard, et c’est à mon tour de me marrer.
- S’il vous plaît… J’ai vraiment… Thomas et moi, on a vraiment besoin d’une soirée sans enfants et sans animaux qui court partout. Toute façon papa a déjà accepté, vous pouvez plus dire non ! N’oubliez pas, Alexander et Thaïs doivent être couchés à 20h, si les chats se mettent à poursuivre le chien dans la maison, il faut les mettre dans des pièces séparées. Mon hamster ne mange que des carottes crues et Dalaï a besoin d’un câlin avant de dormir ! Bisous, je vous aime, à demain ! Je balance d’une traite, joyeusement, avant de partir comme une flèche. Hors de question que mon père change d’avis et que je doive tirer un trait sur la soirée que j’ai décidé de passer.

En ce moment, c’est un peu difficile. Bon, la vie l’a toujours plus ou moins été, mais j’ai toujours traversé les choses avec une sacrée désinvolture – et une bonne dose d’alcool la plupart du temps. Mais aujourd’hui, c’est différent. C’est différent, parce que je suis fatiguée, physiquement, moralement. La routine, tous les jours, ça a souvent eu tendance à m’asphyxier. Et là, entre le boulot par-dessus la tête, les enfants en rentrant le soir, les animaux,… Bref, tout gérer, je sais, je sens, que McGee et moi sommes en train de nous noyer. Parce que si c’est difficile pour moi, je sais que ça l’est pour lui aussi. Il est fatigué, il a besoin de se changer les idées. Je le connais par cœur, après tout, c’est mon meilleur ami. Et bien plus encore. On a tellement traversé ensemble… C’est le seul qui reste, qui est encore là, année après année. J’étais là quand Cherie l’a abandonné, il a été là après mon divorce. Il a été là après mon accouchement, quand j’ai failli y rester… Nous avons tout traversé. Alors aujourd’hui, vraiment, ça me ferait chier que notre fatigue ait raison de nous ! C’est pour ça que j’ai décidé de prendre les devants.

Je retourne chez nous d’un pas sautillant. Je regarde l’heure en entrant, bon, ça devrait aller, Thomas n’est pas du genre à rentrer tôt du boulot. J’en profite pour aller prendre une douche. Pour une fois, j’ai du temps pour moi et ça fait du bien. Pas d’enfant qui crie, pleure, appelle. Pas de chats qui feulent, de chien qui aboie, de lama qui… Je sais pas trop ce que fait un lama, mais Dalaï est bien chiante quand elle le décide. Non. Là, il n’y a que moi et j’ai envie le temps de prendre une vraie douche, aussi longtemps que je veux. J’en ressors après un moment et me sèche rapidement. J’enfile une superbe robe noire, comme je n’en avais pas mis depuis longtemps. En ce moment, c’est surtout jogging, basket et vieux tee-shirt. Je prends également le temps de me coiffer, laissant mes cheveux détachés, ce qui change de mon chignon à l’arrache.

J’ai préparé les détails de cette soirée toute la journée, entre deux cours de danse au boulot, et 46 rendez-vous pour l’association.  Enfin préparer… Je ne suis pas vraiment la reine de l’organisation. A vrai dire, je me suis contentée de vider la maison des enfants et des animaux, et pour le reste, c’est un mélange de « je sais ce que je veux faire ce soir » et de « je vais improviser parce que yolo le talent ». Mais ça a toujours marché dans mon cas ! J’ai également réussi à préparer un repas. Enfin… J’ai essayé. Je ne garantis pas. Je ne sais pas. Je n’ai jamais été très bonne cuisinière, mais ce que j’ai fait à l’air mangeable et ça sent bon. C’est donc que tout va bien ! Néanmoins, j’ai tellement peur que tout crame ou soit immangeable que je reste dans la cuisine pour tout surveiller. Je finis par entendre la porte d’entrée claquer et je souris.
- Je suis rentré !

- Je pensais que tu n’allais jamais arriver ! Je lance en sortant de la cuisine pour me rendre dans le salon. Je vois bien que McGee s’apprête à répondre mais que de me voir dans cette tenue lui coupe la parole. Il faut dire que nous sommes tellement habitués à la présence l’un de l’autre désormais qu’il a plus l’habitude de me voir traîner en pyjama pilou et décoiffée qu’autre chose.
- Eh bien alors, on a un rencard ce soir Mlle Hart ? Je ne peux m’empêcher de rire et lève les yeux au ciel.
- Si tu savais McGee ! Je rétorque joyeusement. Du coup, je l’attrape par le bras pour l’entraîner dehors, sur la véranda. Il fait beau et chaud, alors je n’avais aucune envie de manger à l’intérieur. Du coup j’ai tout installé sur la véranda et comme le jour commence déjà à décliner, j’ai éclairé. On va dire que ce soir, c’est toi mon rencard ! Je lance en me tournant vers mon meilleur ami. J’ai fait garder les enfants ET les animaux par mes parents. Ce soir, c’est toi et moi parce qu’on a besoin d’une soirée comme celle-là pour nous. Donc on va manger… Me regardes pas comme ça, ouais j’ai cuisiné, mais promis, ça a l’air bon ! Je disais donc on va manger, et après on fait ce qu’on veut ! On reste ici, on sort, le monde est à nous ! J’ai toujours eu une tendance à un peu exagérer. Il ne faut pas oublier qu’en plus d’une école de danse, j’ai fait une école d’arts dramatiques. Je suis donc très théâtrale comme femme. Mes parents s’occupent de tout le monde jusqu’à demain soir, et moi j’ai appelé ton boulot aujourd’hui pour leur annoncer que tu n’irais pas travailler demain. Voilà. Surprise ! Je termine, en ouvrant les bras avec un sourire.

" Je suis rentré !" Qu'est ce que c'est bon de mettre le pied chez soi ! Rien que de sentir l'odeur de sa maison, ça fait un bien fou. J'ai envie d'y rester des heures et des heures, en fait, j'ai juste besoin de ne penser à rien, de me laisser aller et de fiouuuu que tout se passe bien. Ca me manque un peu, quand j'avais moins de responsabilités, quand je pouvais faire ce que je voulais quand je voulais sans forcément penser aux conséquences. Maintenant, je suis papa d'un petit garçon qui représente tout pour moi, je suis fondateur d'une société que je gère; je ne peux donc avoir l'esprit tranquil.  Je me dirige vers le salon avec pour seul but de m'affaler sur le canapé lorsque Frannie débarque. Et elle est ... Wahou, à couper le souffle. J'ai en face de moi une Frannie toute belle, encore plus que d'habitude, toute classe et extrêmement ... Magnifique, il n'y a pas d'autres mots. Forcément, je ne peux m'empêcher de la taquiner. "Eh bien alors, on a un rencard ce soir Mlle Hart ? " Je lance, avec un petit sourire. Si elle af ait tous ses efforts, j'imagine bien que ce ne doit pas être n'importe qui. Je lui souhaite réellement de trouver quelqu'un de bien, elle le mérite après toutes les tempêtes qu'elle a traversé. C'est peut-être une soirée ou un gala pour son association d'ailleurs, mais je ne peux garder mon sérieux face à Frannie et je ne peux m'empêcher de la taquiner. Je crois bien que c'est la seule devant laquelle je reste le véritable Thomas McGee. Je n'ai pas besoin d'être sérieux comme au boulot et puis il y a une part d'immaturité en moi qui ne partira jamais. Je sais bien que Frannie l'aime bien et que peu importe la situation, elle m'accepterait comme ça.

"Si tu savais McGee !" Renchérit-elle sur un ton joyeux. "Il doit être sacrément beau goss pour que tu te mettes sur ton 62." Oui, parce qu'il y a se mettre sur son 31, c'est une chose. Mais se mettre sur son 62, c'est encore autre chose, c'est un level au-dessus. "On va dire que ce soir, c’est toi mon rencard !" J'écarquille les yeux, légèrement surpris. "Sérieux ?" Mon cerveau n'a pas le temps d'apprécier la chose que tout se bouscule dans ma tête. Mon esprit est brouillé par les enfants, les animaux, le lama -que je classe dans une catégorie à part- et ... LA panique, LE stress ! C'est dingue quand même ! Il y a quelques années, si elle m'avait annoncé ça, j'aurais juste souris et kiffé le moment, mais là, làààà, c'est totalement autre chose. "On va dire que ce soir, c’est toi mon rencard ! Je lance en me tournant vers mon meilleur ami. J’ai fait garder les enfants ET les animaux par mes parents. Ce soir, c’est toi et moi parce qu’on a besoin d’une soirée comme celle-là pour nous. Donc on va manger… Me regardes pas comme ça, ouais j’ai cuisiné, mais promis, ça a l’air bon ! Je disais donc on va manger, et après on fait ce qu’on veut ! On reste ici, on sort, le monde est à nous !"  L'instant grand stresse laisse place à l'instant soulagement. Elle a vraiment pensé à tout. Je lâche un soupire, puis m'approche doucement d'elle, mais pas le temps d'ajouter quoi que ce soit, que j'étais déjà entrainé par Mlle Hart qui me tire par le bras jusqu'à la véranda. Waaaa.. Elle a vraiment préparé tout ça ? Je me surprends à sourire tout seul, touché par son intention et l'initiative. Puis, pour éviter que l'ambiance devienne chelou, je la fixe quelques secondes avant d'ajouter. "J'ai toujours su que tu étais folle de moi" Je hoche les épaules, c'est plus fort que moi, pas ma faute si je suis irrésistible. Mon cerveau m'alerte pour autre chose: we are free pour toute la soirée, faut que je trouve un truc pour l'après dîner. Bizarrement, je sais exactement ce dont on a besoin elle comme moi. "Mes parents s’occupent de tout le monde jusqu’à demain soir, et moi j’ai appelé ton boulot aujourd’hui pour leur annoncer que tu n’irais pas travailler demain. Voilà. Surprise !" "Ca pour une surprise..." Je ne peux m'empêcher de lâcher.

Je prends une bouffée d'air frais, ça fait une éternité que je n'ai pas dîné avec une fille.. Oui je sais, c'est surprenant. Même si Frannie est ma meilleure amie, j'aime assez la façon dont elle a fait les choses et cette idée de dîner surprise improvisée sur notre terrasse style c'est un rencard alors qu'on en a pas eu depuis 2014. Ca fait chaud au coeur et ... Ca rend heureux. "Tu m'accordes dix petites minutes ? " Je m'approche d'elle, dépose un baiser sur sa joue et murmure en même temps "T'es la meilleure." Puis m'éclipse aussitôt.

Dix minutes. J'ai dix petites minutes pour me doucher, me changer, me coiffer et être à la hauteur de la beau goss attitude de Frannie. J'échange mon costard contre un jean et une chemise bleu foncé, ce qui me donne un look décontracté tout en restant classe. Quelques pshit de parfum, un coup de peigne dans les cheveux et je suis prêt. Je redescends jusqu'à la cuisine, où Frannie est en face du plat. "C'est vrai que ça a l'air bon.." Je dis alors, perplexe. Non parce que Frannie et la cuisine hein ... On repart ensuite vers la véranda, les assiettes en main et avant qu'on s'installe, je lui tire la chaise pour qu'elle puisse prendre place. Non vraiment, ça me fait un bien de dingue cette atmosphère, et ça ne fait que commencer...

- Eh bien alors, on a un rencard ce soir Mlle Hart ? Voilà. Ca c’est McGee. Il n’est même pas rentré depuis cinq minutes qu’il est déjà en train de faire l’andouille et de me taquiner. Mais c’est justement comme ça que je l’aime, je ne voudrais pas qu’il soit autrement. Thomas ne serait pas Thomas sans toutes ses conneries, son humour à deux balles et son petit sourire en coin quand il est taquin. Le jour où il changera, je crois que je serais la première à lui mettre des baffes pour qu’il redevienne lui-même. Nous nous connaissons quand même depuis presque 30 ans… Ca représente une vie entière. Toute notre vie. Et quand je le vois là, devant moi, après toutes ces années, je dois admettre que ça me fait quelque chose. Thomas a toujours été la constante de ma vie, ma seule certitude, la seule chose qui soit restée stable et pourtant Dieu sait à quel point nous sommes tous deux instables par moment.
- Si tu savais McGee !
- Il doit être sacrément beau gosse pour que tu te mettes sur ton 62. Je laisse échapper un rire. Son expression sortie de nulle part me fait sourire, mais le compliment me fait plaisir.
- Le plus bel homme qui soit. Je réplique, avec un petit sourire en coin, avant d’ajouter : On va dire que ce soir, c’est toi mon rencard !

Je vois bien sa surprise et c’est bien pour ça que je me charge de lui expliquer mieux les choses. Nous avons toujours été assez irresponsables, à ne penser à rien, mais depuis que nous sommes tous deux parents, autant dire que notre esprit est constamment occupé avec les responsabilités qui vont avec. Avoir des enfants nous a fait grandir très vite. Trop vite. Je ne regrette absolument pas d’avoir eu ma fille, mais des fois, j’essaye d’imaginer où je serais aujourd’hui si ma vie avait pris un autre tournant. J’explique donc à Thomas le déroulé de la soirée, tout en le guidant jusqu’à la véranda, lieu de notre somptueux dîner. Enfin somptueux… Si mes talents culinaires ont répondu présents. Je ne garantis rien.
- J’ai toujours su que tu étais folle de moi. Je hausse les sourcils et lui donne un petit coup de coude.
- Depuis quand c’est un secret de toute façon ? Je rétorque, en lui tirant la langue. N’importe qui pourrait trouver ça bizarre, mais McGee et moi avons toujours eu cette habitude de nous dragouiller gentiment. Rien n’a jamais empêché ça, pas même nos divers conquêtes, ni sa relation avec Cherie, ni mon mariage. Nous sommes comme ça.

- Tu m’accordes dix petites minutes ? Je souris alors qu’il s’approche de moi.
- Même quinze si tu veux. Je réponds, avant de sourire de nouveau quand il dépose un baiser sur ma joue.
- T’es la meilleure.
- Depuis 28 ans, tu le sais ! Je lance alors qu’il s’éclipse. Je souris et retourne dans la cuisine pour surveiller mon repas. Je n’ai pas fait de folie, je connais mon talent en cuisine… Je voulais quelque chose de facile et en même temps d’un peu élaboré. Du coup, je suis partie sur du riz et des petits légumes sautés, avec du poulet à la sauce tomate. A la fois simple et élaboré. C’est plutôt réussi en plus je crois. Je suis d’ailleurs en train de remuer la saucer quand j’entends la voix de mon meilleur ami de nouveau derrière moi.
- C’est vrai que ça a l’air bon… Je me tourne vers lui.
- Efface-moi de suite cet air perplexe. J’ai suivi la recette, et regarde, la cuisine est propre, et rien n’a explosé, donc c’est réussi ! Je balance, avant de pencher la tête sur le côté. Et tu es très beau. J’ajoute avec un petit sourire en coin alors que je remplis nos assiettes.

On se rend ensuite à la véranda, et je souris quand il me tire la chaise. Je m’assois, en le remerciant du regard. Honnêtement, ça fait du bien de se retrouver tous les deux, dans un rencard qui n’en ai pas vraiment un. Après tout, c’est Thomas et moi, nous n’avons nullement besoin de se séduire l’un l’autre comme dans un vrai rencard. Mais cette ambiance, ni lui ni moi n’y avons eu le droit depuis quelques années maintenant, et je pense que nous en avons autant besoin l’un que l’autre. Redevenir, l’espace d’une soirée, les jeunes adultes irresponsables que nous étions avant que tout change.
- Bon appétit. J’espère que c’est bon. Je souffle en regardant Thomas. Je pointe ma fourchette sur lui. Et ne me fais pas le coup de trouver ça dégueulasse juste pour me faire flipper et ensuite me dire que c’est bon ! J’ajoute, faussement menaçante avant de rire. Si c’est dégueulasse, dis le moi franco ! Vraiment, je ne lui en voudrais pas pour ça. On sait tous les deux qu’à part quelques heureux miracles, je n’ai jamais vraiment été douée en cuisine. J’ai même prévu un dessert ! T’as vu un peu à quel point je suis formidable ? Je lance en haussant les sourcils à plusieurs reprises, amusée. Bon… J’avoue que j’ai dû le recommencer deux fois, le dessert. La première fois, j’ai confondu le sel et le sucre… Je marmonne. Maiiiis. J’ai recommencé ensuite, et je t’assure que tu n’auras aucune intoxication alimentaire ce soir ! Parole de Frannie, tu vas manger le meilleur repas de ta vie ! Quand je vous dis que j’aime bien exagérer…. Mais ce soir, je m’en fiche. Je profite juste de l’instant, et de mon meilleur ami en face de moi. Ca fait du bien.

"J’ai toujours su que tu étais folle de moi. " Je dis amusé, avec un air taquin. C'est dur d'être sérieux avec Frannie, mais c'est ça qui est bien justement. On rit, on s'amuse, on garde cet âme d'enfant qu'on a depuis toujours. J'espère réellement que ça ne changera jamais et qu'on gardera cette complicité longtemps encore. Ca va faire trente ans qu'on se connaît, qu'on se supporte et qu'on se soutient. Trente ans que nous sommes là l'un pour l'autre. Trente ans qu'on partage nos vies, noes peines et nos bonheurs. On a été séparé quelques temps et on s'est vite retrouvé. Je me suis mis avec Cherie, elle avec Warren, mais ça ne nous a pas éloigné pour autant. On est resté toujours aussi proches, ce qui a valu la jalousie de nos deux copains respectifs de l'époque. On se comprenait et on se comprend tellement que parfois, nous n'avons même pas besoin de mots pour savoir que ça ne va pas. Charlie, notre meilleure amie et le troisième mousquetaire de notre bande a toujours trouvé que nous allions très bien ensemble et nous voyait même finir nos vies l'un avec l'autre; pour vous dire à quel point notre realtion était unique. "Depuis quand c’est un secret de toute façon ?" Je pouffe de rire; elle n'a pas tord. "Tu vas en faire des jalouses.. Tu te rends compte combien auraient voulu être à ta place?" Je lui fais un petit clin d’œil, avant de finalement m'éclipser pour me préparer.

Je ne reste pas très longtemps à la salle de bain, juste le temps de prendre une bonne douche froide pour me rafraîchir, changer mes vêtements, me coiffer, me parfumer et me voilà déjà de retour en cuisine, à côté d'elle, pour regarder ce qu'elle fait. Ca l'air vraiment bon, pour une fois.Enfin.. Elle a l'habitude de cuisiner de bons plats, mais c'est rare. Frannie est plus du genre à faire sauter la cuisine qu'à prendre le rôle de Cyril Lygnac. "C’est vrai que ça a l’air bon…" Je laisse échapper, perplexe. Ce n'est pas encore sûr, j'en jugerais quand ma langue rencontrera le plat cuisiné, mais je dois avouer que l'odeur qui s'en dégage est plutôt agréable. " Efface-moi de suite cet air perplexe. J’ai suivi la recette, et regarde, la cuisine est propre, et rien n’a explosé, donc c’est réussi !" Je ris légèrement amusé. C'est là que je vois à quel point elle a voulu bien faire et tout le temps qu'elle y a consacré. "Je n'en doute plus ! J'ai hâte de mettre ça dans la bouche!"  J'ajoute en hochant la tête, l'air sûr de moi. "Et tu es très beau." Un sourire, un clin d’œil et je réplique "Je voulais être à ta hauteur ce soir."

Rapidement, nous rejoignons la véranda pour nous installer. D'abord je lui tire la chaise, et nous voilà assis l'un en face de l'autre, avec la table ronde entre nous. Je ne vous cache pas que ça me fait énormément plaisir qu'elle ait prit le temps de préparer tout ça, avec les enfants, ce n'est pas facile.. Et entre eux et son boulot, elle ne s'accorde plus beaucoup de temps. On a tendance à s'effacer un petit peu pour leur faire plaisir, à passer énormément de temps avec eux et à nous laisser aller. Faut croire que c'est ça d'être parent. "Bon appétit. J’espère que c’est bon. " "Bon appétit à toi aussi !" Je saisis la fourchette, prêt à la planter dans ma cuisse de poulet, mais ... "Et ne me fais pas le coup de trouver ça dégueulasse juste pour me faire flipper et ensuite me dire que c’est bon !" J'écarquille les yeux. "Je suis si prévisible que ça ?!" Je souffle alors. Ce n'est pas drôle si elle me connaît aussi bien. "Si c’est dégueulasse, dis le moi franco !"" Promis !" Je meeeeeurs de faim ! Plus la patience d'attendre, je prends une première bouchée et ... C'est extraordinairement bon. Ouaaaah, elle m'aura surpris sur beaucoup de points, ce soir ! "Dis donc, tu as vachement progressé en cuisine..." Pas le temps d'ajouter autre chose, que me voilà déjà entrain de dévorer mon plat. "Ou alors ... C'est maman Hart qui a tout fait ? Avoue !" Contrairement à sa fille, la maman de Frannie se débrouille merveilleusement bien. Frannie n'a pas hérité ça d'elle pour le coup, elle était trop occupée à danser plus jeune, plutôt que d'apprendre à cuisiner aux côtés de sa maman. "J’ai même prévu un dessert ! T’as vu un peu à quel point je suis formidable ?" Encore un bon point pour Frannie Hart ! "Non mais.. Je vais finir par croire que tu as quelque chose à me demander !" Je lance, en la regardant étrangement. Avoue tout ! "Ou alors, que tu me dragues vraiment !" Je pouffe de rire, fier de ma connerie. "Bon… J’avoue que j’ai dû le recommencer deux fois, le dessert. La première fois, j’ai confondu le sel et le sucre… Maiiiis. J’ai recommencé ensuite, et je t’assure que tu n’auras aucune intoxication alimentaire ce soir ! Parole de Frannie, tu vas manger le meilleur repas de ta vie !" Je pouffe de rire, comprenant toute l'importance qu'elle accorde à tout cela. Je pose ma fourchette et lui prend doucement la main. "C'est vraiment super ce que tu as fait. C'est bien pensé et ça a dû te demander pas mal d'efforts... Bravo, championne. C'est très bon. Et je n'ai aucun doute concernant ton dessert !" Je finis par un sourire et vais doucement lui pincer la joue. "Tu as une idée de comment finir la soirée? "Je sais déjà quoi faire pour ma part, mais elle a peut-être une meilleure idée.

" C’est vrai que ça a l’air bon…" Perdue dans mes pensées et mon remuage de sauce, je n’ai pas entendu mon meilleur ami revenir dans la cuisine. Je me tourne vers lui, ma spatule en main et esquisse un sourire. Je finis ensuite par pointer ma spatule pleine de sauce vers lui, veillant tout de même à ne pas le tâcher. Il s’est fait tout beau, ça serait quand même bête…
- Efface-moi de suite cet air perplexe. J’ai suivi la recette, et regarde, la cuisine est propre, et rien n’a explosé, donc c’est réussi ! Je lance avec un faux air réprobateur. À vrai dire, ça me ferait chier que ce soit mauvais… J’y ai consacré un bon moment et ce n’était pas facile avec Alexander qui s’agrippait à ma jambe droite en hurlant et Thais à ma gauche en pleurant. Ça a été tout un combat et puis honnêtement, j’ai vraiment envie que cette soirée soit réussie. Nous en avons autant besoin l’un que l’autre. Je crois que je le vivrais mal que ça foire et Dieu sait à quel point je peux être drama queen quand je suis contrariée. J’ai toujours été comme ça… Je suis beaucoup trop excessive. C’est-à-dire que je prends tout beaucoup trop à cœur. Je ne sais pas relativiser. Et j’adore me faire remarquer. Ouais… Je suis chiante. Demandez à McGee le nombre de fois où il a du supporter mes crises. "Je n'en doute plus ! J'ai hâte de mettre ça dans la bouche!" Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un petit rire et me mords les lèvres.

On se retrouve finalement dehors, l’un en face de l’autre. La température est douce mais il fait chaud quand même. Suffisamment pour que je n’ai pas froid en tout cas. Ce qui est assez rare chez moi, vu qu’avec mon problème de thyroïde, je suis très souvent frigorifiée. Mais je dois admettre qu’avec mon nouveau traitement, ça va mieux. Je ressens moins les effets de cette fichue maladie qui, en soit, n’est pas si grave que ça si on met de côté que combinée à ma grossesse, ça a failli me tuer. Mais ce soir, le temps est clair, il fait bon et ça me rend encore plus joyeuse ! Je souhaite bon appétit à McGee avant de le mettre en garde de ne pas me faire une de ses blagues pourries. "Je suis si prévisible que ça ?!" Je arque un sourcil et plisse le nez. « McGee… Je te connais depuis qu’on a 6 ans. Tu sais le nombre de fois où je t’ai entendu faire cette blague en 28 ans ? » Je réponds en riant, amusée. Je connais cet homme par cœur… Même si parfois il arrive encore à me surprendre. Mais son humour, je le connais. Alors sa blague, je la voyais venir à 10 000. Finalement nous nous mettons à manger et le compliment de Thomas me fait sourire. Enfin… Avant qu’il se mette à douter. Je prends un air faussement vexé mais mon sourire en coin me trahit. "Ou alors ... C'est maman Hart qui a tout fait ? Avoue !"

« J’avoue rien du tout ! J’ai tout fait toute seule. Ma mère était trop occupée à prétendre boire le café chez mon père alors qu’elle essaye juste de le séduire à nouveau ! » Je lâche, amusée. Mes parents ont toujours eu une relation bizarre. Ils se sont séparés deux fois pendant ma jeunesse, ce qui a longuement contribué au fait que j’ai longtemps cru que toutes les relations sérieuses étaient vouées à l’échec – et quand je vois comment a fini mon mariage, j’avais sûrement raison. Mais aujourd’hui ma mère et mon père se tournent de nouveau autour et ça me fait sourire. On dirait des adolescents et c’est marrant. "J’ai même prévu un dessert ! T’as vu un peu à quel point je suis formidable ?" "Non mais.. Je vais finir par croire que tu as quelque chose à me demander ! Ou alors, que tu me dragues vraiment !" Je ris et me mordille les lèvres, sans le quitter des yeux. « Enfin… Pas de chichis entre nous ! Je te drague pas moi, je te saute directement dessus ! » Je réplique en l'observant, un sourire aux lèvres. Bon, en vrai, cela fait des années que je n’ai pas couché avec McGee et même si je le connais bien, je ne pense pas que j’oserais lui sauter dessus sans prévenir. Mais c’est toujours drôle de lui faire croire.

Je finis par lui avouer que j’ai raté mon dessert une première fois et Thomas vient saisir ma main. Je lui souris doucement. Même si je ne le montre pas explicitement, ce repas me tient à cœur et rien qu’avec ce geste, je sais que mon meilleur ami l’à compris. "C'est vraiment super ce que tu as fait. C'est bien pensé et ça a dû te demander pas mal d'efforts... Bravo, championne. C'est très bon. Et je n'ai aucun doute concernant ton dessert !" Je me mords les lèvres et esquisse un sourire. « Tant de compliments… Je vais finir par croire que c’est toi qui me drague ! » Je réponds en pouffant de rire. Les compliments, je n’ai jamais su y réagir. Alors je fais toujours des blagues à deux balles. « Mais j’y pensais depuis quelques temps à une soirée comme ça… On en a besoin tous les deux. »

Thomas me pince la joue et je lui fais une grimace, comme une gamine. C’est aussi un côté que j’ai toujours aimé dans notre relation… Il n’y a pas de tabous. Je peux être moi et agir comme une enfant si je veux, McGee ne m'en tiendra jamais rigueur. "Tu as une idée de comment finir la soirée? "Je hausse les épaules et me remets à manger, avant de boire un peu. « Tu me connais… J’ai rien de planifié. J’ai des idées mais si toi tu en as une aussi, c’est avec plaisir ! C’est aussi ta soirée. » Je réponds en le regardant. Je l’observe quelques secondes. « Et tu as une idée de quoi faire. Je le vois dans tes yeux ! » J'ajoute en sautillant sur ma chaise.

 "J’ai même prévu un dessert ! T’as vu un peu à quel point je suis formidable ?" Là, ça commence à vraiment devenir bizarre. Non pas que ce soit désagréable de recevoir un peu d’attention, mais je crois que ça fait tellement longtemps que je ne sais plus trop ce que c’est. En fait, c’est vraiment dur d’avoir plusieurs choses à gérer en même temps. J’ai toujours eu un profil un peu carriériste, je voulais arriver au sommet, être un grand avocat, pouvoir aider les gens. Mais c’est dur de garder cet objectif en vue quand on a un petit bébé qui demande tout pleins d’attentions. Alexander est de loin la plus belle chose qui soit arrivé dans ma vie ; il m’a appris à voir les choses autrement, à découvrir une autre vie … Mais c’était difficile de tout gérer. Un enfant doit être élevé par ses deux parents ; jouer le rôle à la fois du père et de la mère n’est pas un des plus facile. Frannie a connu un peu la même chose avec son divorce et je ne sais pas si c’est le karma, le destin, ou appelez ça comme vous voulez, mais la vie a tendance à prendre les mêmes tournures pour elle comme pour moi, ce qui ne fait que d’avantage nous rapprocher. "Non mais.. Je vais finir par croire que tu as quelque chose à me demander ! Ou alors, que tu me dragues vraiment !" Nous avons eu une période de drague, de flirt, et de coucheries. On s’amusait, nous étions jeunes, on craquait la vie à pleines dents. On n’avait pas peur des conséquences à l’époque… A présent, c’est une toute autre histoire. « Enfin… Pas de chichis entre nous ! Je te drague pas moi, je te saute directement dessus ! » Ça ne m’étonnerait même pas qu’elle le fasse pour de vrai. Je pouffe de rire, sachant pertinemment que cela ne risque pas d’arriver. « Evidemment... C’est tout à fait ton genre. » Je pourrais en rajouter et lui demander si elle est toujours la tigresse de l’époque, mais je ne sais pas, il y a comme une barrière que je ne veux pas franchir, par manque d’envie de m’aventurer sur ce terrain-là.

« C'est vraiment super ce que tu as fait. C'est bien pensé et ça a dû te demander pas mal d'efforts... Bravo, championne. C'est très bon. Et je n'ai aucun doute concernant ton dessert ! » Je me rends bien compte tout le temps qu’elle a dû y consacrer et surtout, tous les efforts. C’est remarquable. Surtout dans une période comme celle-ci, où nous sommes tous les deux noyés par le boulot. J’apprécie réellement l’effort, d’autant plus qu’il vient d’elle. « Tant de compliments… Je vais finir par croire que c’est toi qui me drague ! » Je pouffe de rire, avant d’ajouter pour ma défense « Qui sait... » C’est ça que j’aime bien aussi, notre manie de plaisanter sur tout et n’importe quoi sans forcément avoir d’arrières pensées. Pas de tabous entre nous, on est naturel, sans barrière, sans faire semblant. « Mais j’y pensais depuis quelques temps à une soirée comme ça… On en a besoin tous les deux. » Je souris, tendrement. En effet, on en a clairement besoin. A quel moment nous avons commencé à perdre le contrôle ? Aucune idée … Mais se ressaisir devient primordial. Je lui pince la joue et j’ai droit à une petite grimace, ce qui me fait sourire de plus belle. Je lui demande pour la suite de la soirée, elle ne semble pas avoir planifié quoi que ce soit, c’est ça qui est bien. De mon côté, je hoche la tête lorsqu’elle me retourne la question. « Mais d’abord, place au dessert ! » Je réclame alors, une fois mon assiette finie, avec l’envie folle de goûter son fameux gâteau. J’envoie de mon côté un texto à un ami, lui demandant s’il a encore des disponibilités pour ce soir. « J’ai un client qui a récemment ouvert un hôtel de luxe dans le coin … On pourrait essayer leur piscine jacuzzi ; ça te dit ? » Je demande alors. D’après ce qu’il m’a raconté, il y a également une boîte pour faire la fiesta toute la night, des suites de luxe avec le jacuzzi intégré et tout pleins d’options. Etant donné que j’ai géré et suivi son affaire, il m’y a convié. Je pense que c’est l’occasion de voir ça. « Il y a pleins de trucs à faire apparemment et à l’entendre, c’est le plus bel endroit de la terre. On pourrait aller vérifier ça. »

- C'est vraiment super ce que tu as fait. C'est bien pensé et ça a dû te demander pas mal d'efforts... Bravo, championne. C'est très bon. Et je n'ai aucun doute concernant ton dessert ! Je souris à Thomas. Autant dire que je n’aurais pas organisé une soirée comme cela pour n’importe qui. Mais là, il s’agit de McGee, de mon ami d’enfance, meilleur ami et celui dont, curieusement, la vie a toujours plus ou moins suivi la mienne. Nous avons parfois pris des chemins différents, mais nos routes ont toujours finie par se croiser de nouveau. La preuve, aujourd’hui nous vivons ensemble, avec deux enfants et une flopée d’animaux. Bien qu’il n’y ai strictement rien entre Thomas et moi, nous sommes une famille malgré tout. Une famille originale, un peu dysfonctionnelle mais au moins, je suis heureuse de rentrer chez moi le soir, quand je sais que je vais retrouver les blagues de McGee, les rires d’Alexander et les câlins de Thaïs. Quand j’ai divorcé, je n’ai pas réfléchi. Je suis venue immédiatement trouver Thomas, parce que j’avais besoin d’un point d’ancrage pour ne pas perdre pieds. J’aurais pu aller trouver l’autre partie de moi-même, Matt, mon jumeau, mais ce dernier est désormais en France –ce qui est beaucoup trop loin de moi d’ailleurs- et Thaïs était encore trop petite pour supporter un aussi long trajet en avion. Alors je suis venue retrouver Thomas et ça m’a aidé. Aujourd’hui, je me suis remise de l’échec de mon mariage avec Warren. Je m’y suis fait une raison et, quand j’y repense, je n’ai plus cette envie de pleurer que j’avais avant. Je pourrais sûrement être prête à me remettre à fréquenter des hommes, si j’en avais le temps. Mais pour ce soir, ma première vraie soirée depuis longtemps, je préfère la consacrer à mon meilleur ami. Face à ses compliments, j’esquisse un sourire en coin.

- Tant de compliments… Je vais finir par croire que c’est toi qui me drague ! Je lance avec un petit rire. L’humour, mon meilleur moyen de réaction. Et puis avec McGee, ça a toujours été naturel de toute façon.
- Qui sait… Je ris de plus belle et hausse les sourcils plusieurs fois d’affilés.
- J’en étais sûre. Je suis le soleil de ta vie de toute façon ! Je lui tire la langue, mi-sérieuse, mi-taquine. Thomas me demande ensuite si j’ai prévu quelque chose pour la suite de la soirée et je hausse les épaules. J’ai toujours plusieurs idées dans mon sac, mais je passe la majeure partie du temps à improviser. C’est tout un art, croyez-moi. De toute façon, mon meilleur ami semble avoir une idée aussi, mais il me réclame d’abord le dessert. Je roule des yeux, amusée, et me lève pour aller le chercher.
- Voilà. Bon, tu sais que je suis meilleure pâtissière que cuisinière, donc ça c’est forcément réussi ! Il est vrai que, curieusement, même si j’ai toujours été une catastrophe en cuisine, dès qu’il s’agissait de faire des gâteaux, j’ai toujours été plutôt douée. Je n’ai jamais compris pourquoi ni comment, et mon entourage non plus. Alexander et Thaïs m’ont aidé d’ailleurs… Enfin… Ils ont remués trois secondes, et ils ont passé le reste du temps à essayer de tremper leurs doigts dans la pâte pour la manger. Je marmonne, amusée. Je sers une part au jeune homme face à moi et me rassoit pour manger mon dessert.

- J’ai un client qui a récemment ouvert un hôtel de luxe dans le coin … On pourrait essayer leur piscine jacuzzi ; ça te dit ? Je relève la tête à sa question. Il y a pleins de trucs à faire apparemment et à l’entendre, c’est le plus bel endroit de la terre. On pourrait aller vérifier ça. Je hausse un sourcil et souris légèrement.
- T’es vraiment en train de me demander si je suis partante pour passer ma soirée dans un hôtel de luxe ? Je lance, avant de sautiller sur ma chaise. Evidemment que ça me dit ! J’ajoute, enjouée. Il en faut peu pour me réjouir, mais là, il faut admettre que c’est quand même grave le bon plan ! Un hôtel de luxe, c’est pas rien. De toute façon, tu m’as eu dès que tu as parlé de jacuzzi. Et de piscine. Tu sais que j’adore les piscines ! Ah ça pour le savoir… Je crois qu’on ne compte plus le nombre de fois où je me suis introduite dans la piscine municipale de la ville la nuit. Je ne sais pas pourquoi, mais l’ambiance d’une piscine m’a toujours détendu. Quand Thomas -ou n'importe qui, que ce soit mon frère, Sebastian, Charlie, ou même Warren à l'époque- ne savait pas où me trouver, il venait toujours me chercher à la piscine. Et j’étais généralement là, assise sur le bord, les pieds dans l’eau. Et souvent une bouteille de vodka à mes côtés, mais ça c’est une autre histoire… Ca fait d’ailleurs bien longtemps que je n’ai pas bu, ce qui est presque étonnant quand on connaît mon passé de grande buveuse.

Le dessert étant fini, je débarrasse nos assiettes et mets tout dans l’évier.
- Ton client est d’accord pour qu’on s’incruste dans son hôtel ? Je lance en passant une main dans mes cheveux. Je m’appuie contre le comptoir de l’évier, en attendant la réponse de Thomas. C’est le client dont tu me parlais la dernière fois non ? C’est l’hôtel qui est à environ 20 minutes d’ici non ? Oui parce que des fois, Thomas me parle de son boulot, et ça m’arrive de l’écouter ! Je suis une meilleure amie attentive, non mais. D’ailleurs, à force de fréquenter Thomas, je connais certaines parties du Code Civil par cœur, je pourrais les réciter les yeux fermés. Des fois, je dois admettre que c’est pratique. Encore plus depuis que j’ai monté ma propre association. Mais j’ai toujours dit que si un jour je finissais en prison, Thomas serait mon avocat.

Une bonne soirée comme on les aime, juste à profiter du bon moment, à déguster un bon petit plat fait maison et à sentir l’air frais chatouiller nos joues. J’en rêvais depuis des semaines, si ce n’est des mois... Ce genre d’instant devenait un peu trop précieux à mon goût ; le fait que Frannie ait tout mit en place sans m’en parler donne à cette soirée un goût encore plus agréable. D’ailleurs, j’ai une petite idée pour la remercier et pour clôturer la soirée en beauté.

« J’ai un client qui a récemment ouvert un hôtel de luxe dans le coin … On pourrait essayer leur piscine jacuzzi ; ça te dit ? Il y a pleins de trucs à faire apparemment et à l’entendre, c’est le plus bel endroit de la terre. On pourrait aller vérifier ça. » Ce n’est qu’une idée parmi tant d’autres, si ça ne lui plaît pas, on pourra toujours essayer autre chose, mais ça me paraît bien pour nous retrouver et continuer à passer un bon moment. D’ailleurs en parlant de bon moment, j’ai envie d’un massage… Oula, ce n’est pas le moment McGee, concentre-toi ! « T’es vraiment en train de me demander si je suis partante pour passer ma soirée dans un hôtel de luxe ?  Evidemment que ça me dit ! » Je n’attendais pas moins de Frannie ! C’est aussi pour ça qu’on s’entend aussi bien, on est souvent sur la même longueur d’onde. « De toute façon, tu m’as eu dès que tu as parlé de jacuzzi. Et de piscine. Tu sais que j’adore les piscines ! » Je pouffe de rire. C’est vrai que Frannie et les piscines, c’est une éternelle histoire d’amour.. « Je vais avoir le droit de t’admirer en maillot de bain alors ? » Je lance l’air taquin, toujours sur le ton de la plaisanterie.

« Ton client est d’accord pour qu’on s’incruste dans son hôtel ? » Je hoche la tête. « Il va être fou de joie, il arrête pas de me supplier de venir… » Ce qui est vrai. Au delà de notre relation avocat/client, Jason, le patron de l’hôtel est réellement devenu un ami. On s’entend super bien et c’est sans doute pour cela qu’il m’a invité à découvrir son petit trésor, comme il l’appelle. « C’est le client dont tu me parlais la dernière fois non ? C’est l’hôtel qui est à environ 20 minutes d’ici non ?»  C’est vrai que je lui en ai déjà parlé. Ça nous arrive parfois de parler boulot, de râler un petit peu sur ce qui ne nous plait pas, mais également de partager nos bons moments et nos petites réussites. « Exactement ! Va vite prendre ton maillot de main, on décolle dans 5 minutes ! » Finalement, nous avons démarré seulement 15 minutes plus tard. Nous avions pris la route, guidé Google maps et avec de la musique à fond la caisse. C’est vraiment agréable ce genre de moments.

« Oooh McGe ! » A l’entrée de l’hôtel, nous sommes rapidement accueillis par le gérant et propriétaire. Je suis content d’être venu, à l’expression de son visage, je vois à quel point ça lui fait plaisir. Il vient rapidement me serrer la main, un énorme sourire aux lèvres. Il remarque la présence de Frannie à mes côtés, et son sourire s’agrandit davantage. Hé oh, on se calme jeune homme. Il me tapote l’épaule, toujours son sourire un peu crétin sur le visage, puis souffle à mon oreille. « Sacré McGee ! » Je pouffe de rire à mon tour, sachant pertinemment ce qu’il voulait dire, où il voulait en venir et ce qu’il insinuait. « Tu sais bien que je ne fais pas les choses à moitié. » Je souffle alors, sur le même temps. Jason, c’est le genre d’ami que j’adore avoir, c’est celui avec qui je me retrouve en afterwork à boire des coups et à rigoler sur des détails de la journée, c’est lever nos verres lorsqu’on est d’accord sur la beauté d’une jeune fille qui passe. Vu mon âge, je commence à « murir » Hm, ce mot est toujours aussi dur à prononcer, mais disons que ce sont les aléas de la vie qui me forcent à l’être. Avec Jason, je retrouve ma vraie nature, le vrai Thomas, celui que j’ai toujours été, celui qui est enfouis en moi. Le jeune homme fait un signe à son homme de la réception, puis se dirige vers lui. Je me tourne vers Frannie, sourire angélique sur les lèvres. « Je t’ai dit que ça lui ferait plaisir de me voir. » Je pouffe de rire, tandis que Jason revient déjà vers moi, les clefs en main. « Tu vas kiffer, j’ai exactement ce qu’il te faut. » Il me les tend, s’approche dangereusement de moi –ce mec est un peu tactile, chose que je n’apprécie pas du tout ; que s’apprête-t-il à faire ? - puis me murmure à l’oreille « Elle va craquer ! » Je me mets à rire en solo, sans chercher à savoir si Frannie a également entendu ou pas.

On se dirige ensuite vers la suite, je glisse le pass et les clefs dans la serrure et nous y entrons enfin. J’espère que je n’ai pas droit à une mauvaise blague de la part de mon ami … Mes doutes s’évaporent rapidement, lorsque je découvre la suite. La suite luxueuse, magnifique … Elle est équipée d’un super lit deux places taille XXL ; d’un salon, d’une baie vitrée donnant une vue sur la mer, d’une terrasse avec un jacuzzi sur la terrasse … J’en ai vu des hôtels de luxe et j’en ai passé plusieurs nuits, mais celui là … « Je ne sais pas ce que tu en penses mais… Je comprends le succès de cet hôtel. » Je pose les clefs sur la première table (oui, parce qu’il y en a plusieurs) et je me laisse tomber sur le lit. « Je ne sais même pas par quoi commencer. T’es meilleure que moi pour nous trouver un plan, je suis à toi ce soir Mlle Hart. »